jeudi 24 novembre 2016

Soeur Mireille Laslandes auprès des candidats au diaconat

Quelques mots sur la mission qui est la mienne auprès des candidats au diaconat.




Je fais partie depuis quelques années de l’équipe de formation des candidats au diaconat du diocèse de Lyon. Sans compétence spéciale. Je n’avais jamais eu  jusque-là de mission d’Eglise.
Mon rôle est modeste : celui d’être une oreille, d’une écoute pour le discernement des candidats.
L’interpellation à me joindre à cette équipe m’a surprise,  mais j’ai été séduite par la représentation et  pluralité des vocations des membres de cette équipe : 1 laïque en mission ecclésiale responsable de la formation), prêtre, évêque, diacre avec son épouse, diacre sans son épouse (délégué épiscopal des diacres), et moi-même religieuse.
La mission du diacre est d’être à l’image de Jésus, serviteur ,avec cette sensibilité plus grande pour les petits, et pour ceux qui sont loin de l’Eglise. Or, être  à l’écoute et au service du cheminement des candidats nous rend profondément heureux : un élan les habite, une joie ; une amitié et un soutien fraternel se développent entre eux. Ecouter, donner du temps, se rendre disponible caractérise notre façon d’être auprès d’eux.

La formation est longue : 1 année de recherche (c’est à dire de discernement) qui permet à chacun de faire le point et de se demander si il accepte ou non d’entrer en formation, avec au terme une ordination. Suivent 4 années (à raison d’un WE par mois), et 1 année après l’ordination (avec essentiellement des relectures de mission) 
Notre diocèse est privilégié : une trentaine d’hommes mariés – pour la majorité - sont en formation en ce moment,  âgés en moyenne de 40 à 60 ans.
Chacun de nous est référent d’une année. Je suis référente de l’Année de recherche et depuis bientôt 2 ans chargée par l’évêque de l’accompagnement des épouses de candidats.


Ma force a été d’être neuve devant cette réalité, et par l’écoute, de comprendre peu à peu la souffrance ressentie par les épouses essentiellement dans les premières années de formation.
L’appel au diaconat crée une asymétrie au sein du couple, écart plus ou moins ressenti  selon les personnes : car l’un est appelé, l’autre, non ; l’un va être ordonné, l’autre, non.

Si certaines pressentent l’appel adressé un jour à leur époux, la majorité des épouses se trouvent comme « embarquées » dans une aventure qu’elle n’a pas imaginée et encore moins désirée.  Au départ, elle ne se sent pas vraiment concernée ! Il s’en suit une interrogation profonde chez l’épouse, qui jusque-là vivait sa condition d’épouse dans le mariage, c’est-à-dire  dans une réciprocité avec son conjoint. L’appel vient bousculer – dans un premier temps - l’équilibre du couple.

Mais au fil des années, grâce au partage fraternel entre épouses où chacune est libre de s’exprimer, avec ce qu’elle est, au point où elle en est, chacune vit un « retournement », une acceptation joyeuse, profonde. C’est une joie de les voir se laisser travailler et transformer humainement, spirituellement, exprimer la richesse de ce chemin qui a pu être rude mais dont elles deviennent partie prenante, prenant conscience de l’approfondissement de la relation avec leur mari, la joie de le voir heureux, l’approfondissement de leur foi, la joie des partages et des amitiés, …

Au terme de ce parcours, et alors que tout commence, un « oui » devra se dire à l’évêque – au moment de l’ordination – et ce « oui » doit être libre et prononcé avec bonheur.