Quelques mots sur la mission qui est la mienne auprès des candidats au
diaconat.
Je fais partie depuis quelques
années de l’équipe de formation des candidats au diaconat du diocèse de Lyon.
Sans compétence spéciale. Je n’avais jamais eu jusque-là de mission d’Eglise.
Mon rôle est modeste : celui d’être une
oreille, d’une écoute pour le discernement des candidats.
L’interpellation à me joindre à
cette équipe m’a surprise, mais j’ai été
séduite par la représentation et pluralité des vocations des membres de cette
équipe : 1 laïque en mission ecclésiale responsable de la formation), prêtre,
évêque, diacre avec son épouse, diacre sans son épouse (délégué épiscopal des
diacres), et moi-même religieuse.
La mission du diacre est d’être
à l’image de Jésus, serviteur ,avec cette sensibilité plus grande pour les petits, et
pour ceux qui sont loin de l’Eglise. Or, être à l’écoute et au service du cheminement des
candidats nous rend profondément heureux : un élan les habite, une
joie ; une amitié et un soutien fraternel se développent entre eux. Ecouter,
donner du temps, se rendre disponible caractérise notre façon d’être auprès
d’eux.
La formation est longue : 1
année de recherche (c’est à dire de discernement) qui permet à chacun de faire
le point et de se demander si il accepte ou non d’entrer en formation, avec au
terme une ordination. Suivent 4 années (à raison d’un WE par mois), et 1 année
après l’ordination (avec essentiellement des relectures de mission)
Notre diocèse est privilégié : une trentaine
d’hommes mariés – pour la majorité - sont en formation en ce moment, âgés en moyenne de 40 à 60 ans.
Chacun de nous est référent d’une année. Je suis
référente de l’Année de recherche et depuis bientôt 2 ans chargée par l’évêque
de l’accompagnement des épouses de candidats.
Ma force a été d’être neuve
devant cette réalité, et par l’écoute, de comprendre peu à peu la souffrance
ressentie par les épouses essentiellement dans les premières années de
formation.
L’appel au diaconat crée une asymétrie au sein
du couple, écart plus ou moins ressenti selon
les personnes : car l’un est appelé, l’autre, non ; l’un va être ordonné,
l’autre, non.
Si certaines pressentent l’appel adressé un jour à
leur époux, la majorité des épouses se trouvent comme « embarquées »
dans une aventure qu’elle n’a pas imaginée et encore moins désirée. Au départ, elle ne se sent pas vraiment concernée !
Il s’en suit une interrogation profonde chez l’épouse, qui jusque-là vivait sa
condition d’épouse dans le mariage, c’est-à-dire dans une réciprocité avec son conjoint. L’appel
vient bousculer – dans un premier temps - l’équilibre du couple.
Mais au fil des années, grâce au partage fraternel
entre épouses où chacune est libre de s’exprimer, avec ce qu’elle est, au point
où elle en est, chacune vit un « retournement », une acceptation
joyeuse, profonde. C’est une joie de les voir se laisser travailler et
transformer humainement, spirituellement, exprimer la richesse de ce chemin qui
a pu être rude mais dont elles deviennent partie prenante, prenant conscience
de l’approfondissement de la relation avec leur mari, la joie de le voir
heureux, l’approfondissement de leur foi, la joie des partages et des amitiés,
…
Au terme de ce parcours, et alors que tout
commence, un « oui » devra se dire à l’évêque – au moment de
l’ordination – et ce « oui » doit être libre et prononcé avec
bonheur.