RETOUR
EN AMERIQUE LATINE
POUR
FETER 50 ANS DE NOTRE PRESENCE DANS CE CONTINENT
C’est
toujours avec
une certaine
appréhension que l’on revient sur ses pas. Même
si j’ai eu la chance de revenir deux fois en trente ans d’absence
sur ces lieux où j’ai vécu d´une part pendant quatre ans en ce
qui concerne le Brésil et douze ans pour ce qui touche à
l’Argentine, le motif particulier de cette visite invitait a une
possible relecture d’un trajet de vie vécu avec d’autres dans
des circonstances ecclésiales, politiques et économiques
particulières.
Rencontrer
des sœurs et des ami(e)s avec lesquels la distance dans l’espace
et dans le temps n’a pas affecté les liens de fraternité et
d’amitié nourrit l’action de grâces. Contempler la poursuite
d’un service et d’une présence auprès des pauvres dans la
simplicité d’une vie partagée renvoie à ces paroles bibliques:
“Le grain semé en terre pousse et tu ne sais pas comment” “Autre
est celui qui sème, autre est celui qui récolte”. “La semence
jetée en terre doit mourir afin de porter du fruit”.
J’aurais
souhaité que d’autres sœurs dont les traces sont toujours
présentes puissent faire avec nous ce voyage de retour aux sources.
Elles sont restées très présentes tout au long de ce périple dans
ce continent que le pape Paul VI nomma en son temps comme le
“continent de l’espérance”. Celles qui comme Hna Angela
Golebiowska et Maria Di Iorio, Ana Gorska, Teresa Turek, nous ont
accompagnées depuis la maison du Père et celles qui pour diverses
raisons le firent depuis l’Europe ou elles sont retournées: Hnas
Francesca Lepore, Krystyna Godlewska, Malogorzta Trzincska, Ana Tyra,
Teresa Wach, Francizka Paluch, Ewa Raj, Gabriela Jankowska, Teresa
Siedelska, Julia Madzejeiska. Toutes
et chacune a sa manière ont laissé des traces (huellas) légères
ou profondes que les vents forts et contradictoires de l’histoire
n’ont pas réussis a faire disparaître.
La
célébration eucharistique était précédée par un temps de
réflexion à quatre voix sur la sainteté à partir de
l’enseignement du Pape François, par le Père Carlos Otero, celle
de notre Fondatrice, par Hna. Olga Caceres, celle très concrète de
la responsable de Caritas dans le diocèse, et celle de la place de
femme dans l’histoire et dans les collaborations de notre
fondatrice, par Hna Jolanda Galka.
La
participation des amis de tous les lieux où nous avons travaillés
et travaillons à l’annonce de l’évangile était heureuse et
bienvenue. La liturgie était simple, priante et joyeuse. Les chants
animés par un groupe de musiciens expérimentés accentuaient avec
la couleur locale le caractère festif de cette action de grâces.
Toute
la célébration et le fête se déroulèrent à l’abri des arbres
devenus déjà si hauts et si grands. Il y avait bien sûr de la
musique, des danses folkloriques argentines, des “choripans”
(saucisses grillées à la broche et servies dans un petit pain
chaud), boissons a volonté car il faisait déjà très chaud et cela
malgré l’heure avancée des festivités. Il fallait savoir
regarder et se réjouir des retrouvailles avec des ami(e)s que
certaines d’entre nous n’avaient pas revus depuis leur départ
des différents lieux de leur mission. (“¿Hermanita me reconoce?)
Tu me reconnais?
Bien
sûr, le temps et la vie ont laissés leurs traces sur les visages et
les corps, mais le sourire, la lumière d’un regard, la tendresse
dans la voix et le débordement de l’amitié toujours intacte
permettait de dire: “Mais tu n’as pas changé, tu es toujours le
ou la même”. Les
souvenirs, qui dans ces occasions, sont toujours les meilleurs,
reviennent et renouvellent les rires, les cris, l’émotion,
finalement le bonheur et la joie des retrouvailles.
Dans
les deux jours qui ont suivis, les soeurs d´Argentine,de Bolivie qui
parlent la même langue, ainsi que trois soeurs du Brésil dont
Marisa, la supérieure centrale pour l´Amérique Latine nous ont
fait partager leur assemblée annuelle. La présence de Notre
Supérieure Génèrale Beata Mazur et celle de son assistente Teresa
Iwan a permis aux soeurs de travailler en groupe, le premier jour,
sur les quatre priorités retenues par notre chapitre géneral. Il
fallait essayer de les comprendre dans le contexte particulier de ce
pays et ensuite penser aux applications pratiques qui pourraient être
mises em oeuvre. Le deuxième jour a été consacré a une relecture
des moments importants de l´histoire de la congrégation surtout en
Argentine avec un peu moins de souvenirs en ce qui concerne le Brésil
car les soeurs présentes connaissaient peu ou pas du tout la genèse
de l´arrivée des ursulines dans leur pays.
C´est
alors que l´on peut comprendre l´importance de l´écrit pour
garder la mémoire vive de tant de rencontres, de circonstances et de
situations qui ont fait notre histoire dans ce continent. Les soeurs
avaient collés sur les murs 50 papiers blancs, chacun d’eux
representant une année (depuis 1969 jusqu´a 2019), charge a chacune
d´aller écrire un fait, un souvenir, une anecdote, une ouverture ou
fermeture de communuaté, une arrivée ou un départ de l´une des
soeurs, une entrée ou sortie de la congrégation, une situation
politique délicate qui a pu engendré des lectures contrastées.
Certaines ont pu, peut-être prendre conscience, que nous avons
traversé des temps particulièrement difficiles pendant la dictature
militaire et que les choix pastoraux ainsi que les implantations de
communautés avaient été dictées par la fidélité au charisme de
la congrégation, a la fidélité aux appels de la Conférence Latino
américaine des évêques et des religieux. Le choix prioritaire de
servir les pauvres dans une proximité de vie et un partage de leur
état de marginalisation qui pouvait paraître vu d´Europe comme un
danger se révèle aujourd´hui comme la manière la plus ajustée
d´annoncer la bonne nouvelle d´un Dieu qui ne fait pas de
différences mais qui indique une préférence pour les plus petits.
Le
troisiéme jour nous avons réalisé comme a notre habitude un
pélerinage au sanctuaire de Notre Dame de Lujan, vénérée par tout
le peuple d´Argentine comme celle qui accompagne et console ce
peuple aux milieux de toutes ses tribulations historiques.
Les
jours suivants nous avons pu visiter les lieux de travail et de vie
de deux des soeurs de Merlo. Il s´agit de sr Jolanda et sr.Mirta qui
accompagnent les comunautés chrétiennes des localité de El Cortijo
et Pontevedra. Le choix d’accompagner une communauté chrétienne
dans deux quartiers situés loin d’un centre comporte un ensemble
de difficultés qu’il est difficile d’apprécier depuis un
contexte radicalement différent. Nous avons pu visiter à en voiture
et à pied “un assentameinto”. Il s’agit de familles venues,
pour ce qui touche ce quartier, du Paraguay, pour trouver de
meilleures conditions de travail. Elles apprennet que des terrain
sont vacants (en général dans des lieux inondables), elles les
envahissent en une nuit ou plusieurs jours, elles commencent à
construire des cabanes précaires en espérant que le gouvernement
plus tard pourra régulariser leur situation et leur donnera un titre
de propriété. Les déplacements pour le travail quand ils en
trouvent supposent parfois deux à trois heures matin et soir (entre
marcher à pied, prendre le bus, prendre le train et encore un autre
bus). La misère est partout présente, entre alcoolisme, drogue,
prostitution, mais peut-on essayer de comprendre leur désarroi, leur
humiliation dans un non-futur pour eux et leurs enfants. Et malgré
tout nous avons rencontré des femmes dignes qui cherchent à garder
la tête huate, à sauver leur famille et à faire en sorte que leur
quartier puisse s’améliorer. Les soeurs sont auprès d’eux dans
le même dénument at avec les mêmes espérances et parfosi
désilusions. Pour ma part j’ai revécu dans ces visites de
lointains souvenirs quand ces invasions de terains vacants avaient
lei dans notre quatier de Merlo Norte il y a de cela maintenant plus
de trente ans et nous demandions avec d’autres: “ Un terrain, un
toit, un travail”.
Les
jours suivants nous avons pu visiter les lieux de travail et de vie
de deux des soeurs de Merlo. Il s´agit de sr Jolanda et sr.Mirta qui
accompagnent les comunautés chrétiennes des localité de El Cortijo
et Pontevedra. Le choix d’accompagner une communauté chrétienne
dans deux quartiers situés loin d’un centre comporte un ensemble
de difficultés qu’il est difficile d’apprécier depuis un
contexte radicalement différent. Nous avons pu visiter à en voiture
et à pied “un assentameinto”. Il s’agit de familles venues,
pour ce qui touche ce quartier, du Paraguay, pour trouver de
meilleures conditions de travail. Elles apprennet que des terrain
sont vacants (en général dans des lieux inondables), elles les
envahissent en une nuit ou plusieurs jours, elles commencent à
construire des cabanes précaires en espérant que le gouvernement
plus tard pourra régulariser leur situation et leur donnera un titre
de propriété. Les déplacements pour le travail quand ils en
trouvent supposent parfois deux à trois heures matin et soir (entre
marcher à pied, prendre le bus, prendre le train et encore un autre
bus). La misère est partout présente, entre alcoolisme, drogue,
prostitution, mais peut-on essayer de comprendre leur désarroi, leur
humiliation dans un non-futur pour eux et leurs enfants. Et malgré
tout nous avons rencontré des femmes dignes qui cherchent à garder
la tête huate, à sauver leur famille et à faire en sorte que leur
quartier puisse s’améliorer. Les soeurs sont auprès d’eux dans
le même dénument at avec les mêmes espérances et parfosi
désilusions. Pour ma part j’ai revécu dans ces visites de
lointains souvenirs quand ces invasions de terains vacants avaient
lei dans notre quatier de Merlo Norte il y a de cela maintenant plus
de trente ans et nous demandions avec d’autres: “ Un terrain, un
toit, un travail”.
Et
puis vint le moment du retour dans les communautés et celui de la
visite de M Beata et Teresa dans les communuates de Las Hacheras et
San Pedro de Jujuy.
Pour
ma part, j´ai jugé plus prudent, connaissant les conditions
climatiques et de déplacement du nord de l´Argentine de rester a
Merlo et ainsi de pouvoir retrouver des personnes avec lesquelles
nous avons colaboré, les enfants que nous avons contribué a éduquer
ou a catéchisé, enfants qui sont devenus des mères, pères,
grand-mères et grands pères et que je retrouvais avec beaucoup de
joie.
Et
puis vint le moment du retour dans les communautés et celui de la
visite de M Beata et Teresa dans les communuates de Las Hacheras et
San Pedro de Jujuy.
Pour
ma part, j´ai jugé plus prudent, connaissant les conditions
climatiques et de déplacement du nord de l´Argentine de rester a
Merlo et ainsi de pouvoir retrouver des personnes avec lesquelles
nous avons colaboré, les enfants que nous avons contribué a éduquer
ou a catéchisé, enfants qui sont devenus des mères, pères,
grand-mères et grands pères et que je retrouvais avec beaucoup de
joie.
Des
réunions improvisées chez l’une ou l’autre d’entre elles
réunissaient tout les membres de la famille, des amies, ou de la
communauté. Les souvenirs étaient évoqués dans les rires et la
joie mais aussi dans la peine lors du partage de la vie avec ses
accidents, ses séparations, ses maladies et ses morts imprévues.
Mais en définitive il était bon et heureux de constater la
continuité de la présence des soeurs de la communauté auprès
d’une population que nous avons ainsi contribué à éduquer, mais
aussi à garder unie grâce à la présence d’un Dieu Père, frère
et ami, d’une Mère vénérée sous le vocable de Notre Dame de
Lujan.
La
visite aux communautés du Brésil représentait pour moi un enjeu
différent. La première communauté ouverte en janvier 1970 n’existe
plus, celle où j’ai travaillé 4 ans avant d’être transférée
du Brésil en Argentine. Les liens se sont distendus, beaucoup de
personnes sont mortes et les plus jeunes ont émigrés dans tout le
Brésil.
Nous
ne sommes donc pas allées dans cette partie du Brésil, ni dans les
différents lieux où les soeurs ont travaillés durant 50 ans
puisque de nombreuses communautés ouvertes ont été aussi fermées
au cours de ce temps.
Même
si je connais toutes les soeurs je n’ai vraiement vécu qu’avec 4
d’entre elles encore présentes à ce jour.Le joie des
retrouvailles étaient cependant intacte.
Le
Brésil a beaucoup évolué pendant ce demi-siècle. Les mouvements
de population ont été et sont encore énormes car chacun cherche
l’endroit du pays où il pourra subvenir aux besoins de sa famille,
trouver du travail et s’installer en vue d’une vie plus digne.
J’ai
été frappée par l’élan en avant du quartier (Vila Union) Il y a
une dizaine d’année c’était encore un “asentamiento” avec
les maisons faites de bric et de broc, sans les infrastructures
nécessaires pour que la vie dans cette zone soit une vie normale.
L’évolution est impressionante. Pratiquement toutes les rues sont
goudronnées et les systèmes de voirie semble fonctionner
normalement. Les cabanes sont devenues de petites maisons simples,
parfois coquettes. Le travail des “cartonéros” (ceux qui
ramassent les ordures de Curitiba pour les trier et les revendre)
est devenu avec la réglementation de petites entreprises familiales
de tri pour le recyclage, ce qui permet aux familles de gagner de
quoi subvenir aux besoins de la famille.
Le
jardin d’enfants construit avec l’aide du padre Onesto Costa et
la congrégation vient d’être cédé à la Congrégation des Pères
Rogacionistes qui depuis le début ont un grand centre d’éducation
pour tous les enfants du quartier. Le manque de vocations et de
soeurs ayant les compétences de poursuivre ce travail a demandé
aux soeurs du Brésil de prévoir la pérénité de cette oeuvre en
faveur des enfants les plus pauvres du quartier.
A
Primavera do Leste le constat est le même. Une extension incroyable
de la ville qui comptait 100 familles lors de l’arrivée de nos
soeurs en 1985 et qui compte aujourd’hui environ 80.000 habitants.
Avec le dévellopement de “l’agro-business” ( à savoir
d’immenses “fazendas” où sont produit le coton, le soja et le
maïs pour l’exportaion, la main d’oeuvre vient de tout de
nord-est brésilien, s’installe d’abord dans des quartiers
précaires et petit à petit voit évoluer les conditions de vie des
familles. La quantité d’enfants est impressionante et le travail
de nos soeurs ( 2 dans chacune des deux communautés) avec des
équipes de laïcs et la collaboration de la municipalité laisse
dans l’admiration et le questionnement. (Jusqu’à quand pourrons
nous assurer un telle charge de travail avec si peu de soeurs?)
A
Cuiaba et Varzea Grande, les deux communautés s’inscrivent dans un
travail pastorale qui est celui que nous avons mené dès les
commencements. Pastorale catéchétique et travail sociale avec les
femmes et pour la promotion de la femme de ces quartiers éloignés
des centres villes. L’explosion des différentes dénominations des
petites églises issues de la Réforme ( évangéliques,
pentecôtistes) ou même devenues des sectes reste un défi pour
l’Eglise catholique qui navigue dans les paroisses entre la
fidélité au Concile Vatican II et le retour eux modalités du
concile de Trente ( au moins dans ses manifestations liturgiques).
Fort heureusement la catéchèse demeure à la responsabilité des
soeurs car les prêtres doivent subvenir à la charge de paroisses
avec souvent 25 à 30 chapelles réparties dans tous les quartiers.
“La moisson est vraiement très abondante et les ouvriers fort peu
nombreux”. La recommendation du Seigneur Jésus de prier pour que
des ouvriers s’engagent devient me semble-t-il un immense cri. Mais
il y a aussi la joie de voir tant et tant de chrétiens pères
etmères de famille engagés dans l’évangélisation des leurs.
Cela appelle à une profonde action de grâces
Je
ne suis pas allée en Bolivie avec Mère Beata, sr Teresa et sr
Marisa mais je peux croire que la connaissance d’une nouvelle
réalité, d’une culture andine bien distincte de celle du Brésil
et de l’Argentine aura permis d’élargir l’espace de la tente
sous la quelle s’abritent les ursulines en cette année de notre
centenaire et de leur cinquentenaire.
Je
rends grâces au Seigneur et remercie la Congrégation de m’avoir
donné cette possibilité ( sûrement la dernière) de revoir une
terre aimée, de retrouver des ami(e)s et des soeurs avec lesquels
liens du coeur n’ont jamais été coupés.
Sr
Marie Thé