vendredi 13 mars 2020

FETER 50 ANS DE NOTRE PRESENCE DANS CE CONTINENT

RETOUR EN AMERIQUE LATINE
POUR FETER 50 ANS DE NOTRE PRESENCE DANS CE CONTINENT 
C’est toujours avec une certaine appréhension que l’on revient sur ses pas. Même si j’ai eu la chance de revenir deux fois en trente ans d’absence sur ces lieux où j’ai vécu d´une part pendant quatre ans en ce qui concerne le Brésil et douze ans pour ce qui touche à l’Argentine, le motif particulier de cette visite invitait a une possible relecture d’un trajet de vie vécu avec d’autres dans des circonstances ecclésiales, politiques et économiques particulières.
Rencontrer des sœurs et des ami(e)s avec lesquels la distance dans l’espace et dans le temps n’a pas affecté les liens de fraternité et d’amitié nourrit l’action de grâces. Contempler la poursuite d’un service et d’une présence auprès des pauvres dans la simplicité d’une vie partagée renvoie à ces paroles bibliques: “Le grain semé en terre pousse et tu ne sais pas comment” “Autre est celui qui sème, autre est celui qui récolte”. “La semence jetée en terre doit mourir afin de porter du fruit”.
J’aurais souhaité que d’autres sœurs dont les traces sont toujours présentes puissent faire avec nous ce voyage de retour aux sources. Elles sont restées très présentes tout au long de ce périple dans ce continent que le pape Paul VI nomma en son temps comme le “continent de l’espérance”. Celles qui comme Hna Angela Golebiowska et Maria Di Iorio, Ana Gorska, Teresa Turek, nous ont accompagnées depuis la maison du Père et celles qui pour diverses raisons le firent depuis l’Europe ou elles sont retournées: Hnas Francesca Lepore, Krystyna Godlewska, Malogorzta Trzincska, Ana Tyra, Teresa Wach, Francizka Paluch, Ewa Raj, Gabriela Jankowska, Teresa Siedelska, Julia Madzejeiska. Toutes et chacune a sa manière ont laissé des traces (huellas) légères ou profondes que les vents forts et contradictoires de l’histoire n’ont pas réussis a faire disparaître.
La célébration et la fête du centenaire de la Congrégation couplée avec le cinquantenaire de notre présence sur ces terres australes dirent à leur manière bien latino-américaine la joie de la fraternité dans le respect des cultures et de la manière d’annoncer “ l’Amour du Cœur du Christ a tous les hommes” sans distinctions de langue, de peuple, de nationalité ou de culture.
La célébration eucharistique était précédée par un temps de réflexion à quatre voix sur la sainteté à partir de l’enseignement du Pape François, par le Père Carlos Otero, celle de notre Fondatrice, par Hna. Olga Caceres, celle très concrète de la responsable de Caritas dans le diocèse, et celle de la place de femme dans l’histoire et dans les collaborations de notre fondatrice, par Hna Jolanda Galka.
La participation des amis de tous les lieux où nous avons travaillés et travaillons à l’annonce de l’évangile était heureuse et bienvenue. La liturgie était simple, priante et joyeuse. Les chants animés par un groupe de musiciens expérimentés accentuaient avec la couleur locale le caractère festif de cette action de grâces.
 
Toute la célébration et le fête se déroulèrent à l’abri des arbres devenus déjà si hauts et si grands. Il y avait bien sûr de la musique, des danses folkloriques argentines, des “choripans” (saucisses grillées à la broche et servies dans un petit pain chaud), boissons a volonté car il faisait déjà très chaud et cela malgré l’heure avancée des festivités. Il fallait savoir regarder et se réjouir des retrouvailles avec des ami(e)s que certaines d’entre nous n’avaient pas revus depuis leur départ des différents lieux de leur mission. (“¿Hermanita me reconoce?) Tu me reconnais?

Bien sûr, le temps et la vie ont laissés leurs traces sur les visages et les corps, mais le sourire, la lumière d’un regard, la tendresse dans la voix et le débordement de l’amitié toujours intacte permettait de dire: “Mais tu n’as pas changé, tu es toujours le ou la même”. Les souvenirs, qui dans ces occasions, sont toujours les meilleurs, reviennent et renouvellent les rires, les cris, l’émotion, finalement le bonheur et la joie des retrouvailles.
Dans les deux jours qui ont suivis, les soeurs d´Argentine,de Bolivie qui parlent la même langue, ainsi que trois soeurs du Brésil dont Marisa, la supérieure centrale pour l´Amérique Latine nous ont fait partager leur assemblée annuelle. La présence de Notre Supérieure Génèrale Beata Mazur et celle de son assistente Teresa Iwan a permis aux soeurs de travailler en groupe, le premier jour, sur les quatre priorités retenues par notre chapitre géneral. Il fallait essayer de les comprendre dans le contexte particulier de ce pays et ensuite penser aux applications pratiques qui pourraient être mises em oeuvre. Le deuxième jour a été consacré a une relecture des moments importants de l´histoire de la congrégation surtout en Argentine avec un peu moins de souvenirs en ce qui concerne le Brésil car les soeurs présentes connaissaient peu ou pas du tout la genèse de l´arrivée des ursulines dans leur pays. 
C´est alors que l´on peut comprendre l´importance de l´écrit pour garder la mémoire vive de tant de rencontres, de circonstances et de situations qui ont fait notre histoire dans ce continent. Les soeurs avaient collés sur les murs 50 papiers blancs, chacun d’eux representant une année (depuis 1969 jusqu´a 2019), charge a chacune d´aller écrire un fait, un souvenir, une anecdote, une ouverture ou fermeture de communuaté, une arrivée ou un départ de l´une des soeurs, une entrée ou sortie de la congrégation, une situation politique délicate qui a pu engendré des lectures contrastées. Certaines ont pu, peut-être prendre conscience, que nous avons traversé des temps particulièrement difficiles pendant la dictature militaire et que les choix pastoraux ainsi que les implantations de communautés avaient été dictées par la fidélité au charisme de la congrégation, a la fidélité aux appels de la Conférence Latino américaine des évêques et des religieux. Le choix prioritaire de servir les pauvres dans une proximité de vie et un partage de leur état de marginalisation qui pouvait paraître vu d´Europe comme un danger se révèle aujourd´hui comme la manière la plus ajustée d´annoncer la bonne nouvelle d´un Dieu qui ne fait pas de différences mais qui indique une préférence pour les plus petits.
Le troisiéme jour nous avons réalisé comme a notre habitude un pélerinage au sanctuaire de Notre Dame de Lujan, vénérée par tout le peuple d´Argentine comme celle qui accompagne et console ce peuple aux milieux de toutes ses tribulations historiques.
 Les jours suivants nous avons pu visiter les lieux de travail et de vie de deux des soeurs de Merlo. Il s´agit de sr Jolanda et sr.Mirta qui accompagnent les comunautés chrétiennes des localité de El Cortijo et Pontevedra. Le choix d’accompagner une communauté chrétienne dans deux quartiers situés loin d’un centre comporte un ensemble de difficultés qu’il est difficile d’apprécier depuis un contexte radicalement différent. Nous avons pu visiter à en voiture et à pied “un assentameinto”. Il s’agit de familles venues, pour ce qui touche ce quartier, du Paraguay, pour trouver de meilleures conditions de travail. Elles apprennet que des terrain sont vacants (en général dans des lieux inondables), elles les envahissent en une nuit ou plusieurs jours, elles commencent à construire des cabanes précaires en espérant que le gouvernement plus tard pourra régulariser leur situation et leur donnera un titre de propriété. Les déplacements pour le travail quand ils en trouvent supposent parfois deux à trois heures matin et soir (entre marcher à pied, prendre le bus, prendre le train et encore un autre bus). La misère est partout présente, entre alcoolisme, drogue, prostitution, mais peut-on essayer de comprendre leur désarroi, leur humiliation dans un non-futur pour eux et leurs enfants. Et malgré tout nous avons rencontré des femmes dignes qui cherchent à garder la tête huate, à sauver leur famille et à faire en sorte que leur quartier puisse s’améliorer. Les soeurs sont auprès d’eux dans le même dénument at avec les mêmes espérances et parfosi désilusions. Pour ma part j’ai revécu dans ces visites de lointains souvenirs quand ces invasions de terains vacants avaient lei dans notre quatier de Merlo Norte il y a de cela maintenant plus de trente ans et nous demandions avec d’autres: “ Un terrain, un toit, un travail”.
Les jours suivants nous avons pu visiter les lieux de travail et de vie de deux des soeurs de Merlo. Il s´agit de sr Jolanda et sr.Mirta qui accompagnent les comunautés chrétiennes des localité de El Cortijo et Pontevedra. Le choix d’accompagner une communauté chrétienne dans deux quartiers situés loin d’un centre comporte un ensemble de difficultés qu’il est difficile d’apprécier depuis un contexte radicalement différent. Nous avons pu visiter à en voiture et à pied “un assentameinto”. Il s’agit de familles venues, pour ce qui touche ce quartier, du Paraguay, pour trouver de meilleures conditions de travail. Elles apprennet que des terrain sont vacants (en général dans des lieux inondables), elles les envahissent en une nuit ou plusieurs jours, elles commencent à construire des cabanes précaires en espérant que le gouvernement plus tard pourra régulariser leur situation et leur donnera un titre de propriété. Les déplacements pour le travail quand ils en trouvent supposent parfois deux à trois heures matin et soir (entre marcher à pied, prendre le bus, prendre le train et encore un autre bus). La misère est partout présente, entre alcoolisme, drogue, prostitution, mais peut-on essayer de comprendre leur désarroi, leur humiliation dans un non-futur pour eux et leurs enfants. Et malgré tout nous avons rencontré des femmes dignes qui cherchent à garder la tête huate, à sauver leur famille et à faire en sorte que leur quartier puisse s’améliorer. Les soeurs sont auprès d’eux dans le même dénument at avec les mêmes espérances et parfosi désilusions. Pour ma part j’ai revécu dans ces visites de lointains souvenirs quand ces invasions de terains vacants avaient lei dans notre quatier de Merlo Norte il y a de cela maintenant plus de trente ans et nous demandions avec d’autres: “ Un terrain, un toit, un travail”.

Et puis vint le moment du retour dans les communautés et celui de la visite de M Beata et Teresa dans les communuates de Las Hacheras et San Pedro de Jujuy.
Pour ma part, j´ai jugé plus prudent, connaissant les conditions climatiques et de déplacement du nord de l´Argentine de rester a Merlo et ainsi de pouvoir retrouver des personnes avec lesquelles nous avons colaboré, les enfants que nous avons contribué a éduquer ou a catéchisé, enfants qui sont devenus des mères, pères, grand-mères et grands pères et que je retrouvais avec beaucoup de joie.
Et puis vint le moment du retour dans les communautés et celui de la visite de M Beata et Teresa dans les communuates de Las Hacheras et San Pedro de Jujuy.
Pour ma part, j´ai jugé plus prudent, connaissant les conditions climatiques et de déplacement du nord de l´Argentine de rester a Merlo et ainsi de pouvoir retrouver des personnes avec lesquelles nous avons colaboré, les enfants que nous avons contribué a éduquer ou a catéchisé, enfants qui sont devenus des mères, pères, grand-mères et grands pères et que je retrouvais avec beaucoup de joie.
 
Des réunions improvisées chez l’une ou l’autre d’entre elles réunissaient tout les membres de la famille, des amies, ou de la communauté. Les souvenirs étaient évoqués dans les rires et la joie mais aussi dans la peine lors du partage de la vie avec ses accidents, ses séparations, ses maladies et ses morts imprévues. Mais en définitive il était bon et heureux de constater la continuité de la présence des soeurs de la communauté auprès d’une population que nous avons ainsi contribué à éduquer, mais aussi à garder unie grâce à la présence d’un Dieu Père, frère et ami, d’une Mère vénérée sous le vocable de Notre Dame de Lujan.
La visite aux communautés du Brésil représentait pour moi un enjeu différent. La première communauté ouverte en janvier 1970 n’existe plus, celle où j’ai travaillé 4 ans avant d’être transférée du Brésil en Argentine. Les liens se sont distendus, beaucoup de personnes sont mortes et les plus jeunes ont émigrés dans tout le Brésil.
Nous ne sommes donc pas allées dans cette partie du Brésil, ni dans les différents lieux où les soeurs ont travaillés durant 50 ans puisque de nombreuses communautés ouvertes ont été aussi fermées au cours de ce temps.
Même si je connais toutes les soeurs je n’ai vraiement vécu qu’avec 4 d’entre elles encore présentes à ce jour.Le joie des retrouvailles étaient cependant intacte.
Le Brésil a beaucoup évolué pendant ce demi-siècle. Les mouvements de population ont été et sont encore énormes car chacun cherche l’endroit du pays où il pourra subvenir aux besoins de sa famille, trouver du travail et s’installer en vue d’une vie plus digne.
J’ai été frappée par l’élan en avant du quartier (Vila Union) Il y a une dizaine d’année c’était encore un “asentamiento” avec les maisons faites de bric et de broc, sans les infrastructures nécessaires pour que la vie dans cette zone soit une vie normale. L’évolution est impressionante. Pratiquement toutes les rues sont goudronnées et les systèmes de voirie semble fonctionner normalement. Les cabanes sont devenues de petites maisons simples, parfois coquettes. Le travail des “cartonéros” (ceux qui ramassent les ordures de Curitiba pour les trier et les revendre) est devenu avec la réglementation de petites entreprises familiales de tri pour le recyclage, ce qui permet aux familles de gagner de quoi subvenir aux besoins de la famille.
Le jardin d’enfants construit avec l’aide du padre Onesto Costa et la congrégation vient d’être cédé à la Congrégation des Pères Rogacionistes qui depuis le début ont un grand centre d’éducation pour tous les enfants du quartier. Le manque de vocations et de soeurs ayant les compétences de poursuivre ce travail a demandé aux soeurs du Brésil de prévoir la pérénité de cette oeuvre en faveur des enfants les plus pauvres du quartier.
A Primavera do Leste le constat est le même. Une extension incroyable de la ville qui comptait 100 familles lors de l’arrivée de nos soeurs en 1985 et qui compte aujourd’hui environ 80.000 habitants. Avec le dévellopement de “l’agro-business” ( à savoir d’immenses “fazendas” où sont produit le coton, le soja et le maïs pour l’exportaion, la main d’oeuvre vient de tout de nord-est brésilien, s’installe d’abord dans des quartiers précaires et petit à petit voit évoluer les conditions de vie des familles. La quantité d’enfants est impressionante et le travail de nos soeurs ( 2 dans chacune des deux communautés) avec des équipes de laïcs et la collaboration de la municipalité laisse dans l’admiration et le questionnement. (Jusqu’à quand pourrons nous assurer un telle charge de travail avec si peu de soeurs?)
A Cuiaba et Varzea Grande, les deux communautés s’inscrivent dans un travail pastorale qui est celui que nous avons mené dès les commencements. Pastorale catéchétique et travail sociale avec les femmes et pour la promotion de la femme de ces quartiers éloignés des centres villes. L’explosion des différentes dénominations des petites églises issues de la Réforme ( évangéliques, pentecôtistes) ou même devenues des sectes reste un défi pour l’Eglise catholique qui navigue dans les paroisses entre la fidélité au Concile Vatican II et le retour eux modalités du concile de Trente ( au moins dans ses manifestations liturgiques). Fort heureusement la catéchèse demeure à la responsabilité des soeurs car les prêtres doivent subvenir à la charge de paroisses avec souvent 25 à 30 chapelles réparties dans tous les quartiers. “La moisson est vraiement très abondante et les ouvriers fort peu nombreux”. La recommendation du Seigneur Jésus de prier pour que des ouvriers s’engagent devient me semble-t-il un immense cri. Mais il y a aussi la joie de voir tant et tant de chrétiens pères etmères de famille engagés dans l’évangélisation des leurs. Cela appelle à une profonde action de grâces


Je ne suis pas allée en Bolivie avec Mère Beata, sr Teresa et sr Marisa mais je peux croire que la connaissance d’une nouvelle réalité, d’une culture andine bien distincte de celle du Brésil et de l’Argentine aura permis d’élargir l’espace de la tente sous la quelle s’abritent les ursulines en cette année de notre centenaire et de leur cinquentenaire.
Je rends grâces au Seigneur et remercie la Congrégation de m’avoir donné cette possibilité ( sûrement la dernière) de revoir une terre aimée, de retrouver des ami(e)s et des soeurs avec lesquels liens du coeur n’ont jamais été coupés.
Sr Marie Thé