TROIS JOURS DANS L’ARDECHE, SUR LES PAS DE MERE URSULE LEDOCHOWSKA
Les 30, 31 mai et 1erjuin 2015
Samedi 30 mai 2015 – AUBENAS / FERRRIERES
Week
end intercommunautaire en Ardèche (compte-rendu de Mady)
Le
Samedi 30 mai 2015
Nous
avions rendez-vous avec toutes les sœurs du « Centre de France » au
foyer Saint Louis, tenu par les frères Maristes dans le Quartier de Ferrières,
(site du premier hébergement des sœurs et des jeunes filles polonaises à leur
arrivée à Ucel/Aubenas).
Nous
sommes royalement reçues par les frères, tous en retraite, mais engagés dans
l’Eglise sur le territoire d’Aubenas. Nous partageons l’apéritif préparé par
leurs soins. Puis tous ensemble nous partageons le repas sous les arbres de la
cour. C’est un moment de grande simplicité et de joie. Chaque communauté a
apporté un plat pour le repas.
Puis
les invités arrivent. Chacun et chacune se présente : Monsieur Jean Louis
Tourrette, le père Michel Martin Vicaire Général du diocèse d’Ardèche, des
personnes qui ont connu les sœurs de près ou de loin : Thérèse Morrisson,
Madame Marie, Alain Martinot qui a déjà
écrit de nombreux articles et ouvrages sur la présence des sœurs en terre
ardéchoise …, et aussi trois sœurs de
Saint Joseph d’Aubenas et d'autres paroissiens. Tous viennent fraternellement
partager ce moment avec nous.
Monsieur
Jean Louis Tourette raconte l’histoire de son père Louis Tourrette et de son
grand père, directeurs des moulinages de soieries. Ces usines fonctionnaient à
plein à l’époque des années 1920. Par la suite le manque de main-d’œuvre
existant en France, les Tourrette ont écrit à 450 congrégations pour obtenir
des ouvrières dans les moulinages. Une seule Congrégation a accepté. Ce sont
les Ursulines de Pologne fondées par Mère Ursule Ledochowska qui ont dit
« oui » à la proposition. Six sœurs alors viennent en France, c’est
le 20 juillet 1930 et le 6 août 1930 un premier groupe de jeunes filles arrive.
Elles sont logées à Ferrières ainsi que les sœurs. Monsieur Tourrette commence
à connaître des difficultés pour son usine et en 1932, c’est l’arrêt pur et
simple des moulinages. On pense à une reconversion et la Congrégation démarre
l’action au Préventorium qui accueille des enfants de santé fragile en 1935. A
cette époque on comptait 32 sœurs et 480 enfants. Les détails sont dans les
Archives de notre maison mère à Pniewy (en Pologne) mais ici nous n’avons pas
de courrier de la Fondatrice. Jean Louis Tourrette a cependant apporté des
photos d’époque qui, pour nous, sont émouvantes. Le retrait définitif des sœurs
à Ucel a lieu le 4 octobre 1969.
Après
ce temps convivial à Ferrières, nous allons au Préventorium devenu un Institut
Thérapeutique Educatif et Pédagogique géré par l’Association Ardéchoise pour
l’Enfant, l’Adolescent et l’Adulte en Difficulté. Nous sommes tous reçus par le
Président actuel accompagné de quelques administrateurs de l'Association du
« Home Vivarois ». Il nous explique
qu’aujourd’hui il y a 175 enfants et 120 salariés à temps plein. Ces
enfants ont pour la plupart beaucoup souffert et certains présentent des
troubles du comportement. Ils vivent en internat ou semi-internat. Les
week-ends, ils sont accueillis dans des familles d’accueil.
Après
la visite de l’Etablissement, entièrement rénové, nous nous rendons dans une
petite chapelle appelée « Chapelle des Voyageurs », dédiée à Rosette
de Vesseaux, et ensemble nous recueillons les fruits de cette journée et
célébrons les Vêpres.
Les sœurs de Virieu repartent, laissant à regret le
groupe qui se retrouve avec les membres de l'Association du «Home Vivarois »,
pour une collation et la remise de cadeaux.
Dimanche 31 mai 2015 – UCEL / Saint
PRIVAT compte-rendu de Mireille
Rappel : c’est à
Pont d’Ucel, à l’usine de la SAM (« Soie Artificielle Moulinée »)
reconvertie à partir du 1er juin 1935 en préventorium
d’enfants/« Le Préventorium Vivarois» visitée hier après-midi samedi 30
mai, que - de début 1930 à fin 1934/début 1935 - plus de 130 jeunes filles
polonaises étaient employées et logées (après déménagement de Ferrières - fin
1931) au moulinage de la soie naturelle
et des fils artificiels (rayonne, acétate…), accompagnées d’une trentaine de
sœurs guère plus âgées qu’elles. Ce fut là,
le premier lieu apostolique des Ursulines en France.
C’est à
la SAM, à Pont d’Ucel, que les sœurs ont travaillé dans le cadre du moulinage
de la soie naturelle et des fils artificiels jusqu’à l’arrêt de cette activité
dans cette fabrique, début 1935, conséquence de la crise mondiale qui a débutée
en 1929.
La maison ayant été reconvertie en
Préventorium, dans la lutte nationale antituberculeuse, elles se sont occupées
d’enfants -de 2 à 14 ans - envoyés de toute la France, à partir du 1er
juin 1935 et cela jusqu’en 1969.
Lors de
ses voyages en France, Mère Ursule y
rencontrait là les sœurs et les ouvrières polonaises.
Mr Jean
Louis Tourrette, (petit-fils de Louis qui avait embauché les jeunes filles par
le biais de Mère Ursule, 85 ans plus tôt), nous a fait partagé sa passion - celle de son grand-père,
de son père et de son oncle - et nous a permis de comprendre peu à peu ce qu’était
ce travail si spécifique de la soie naturelle et des fils artificiels avec ses
différentes opérations de filature, dévidage, moulinage et bobinage ;
ainsi que la vie des jeunes filles qui y travaillaient comme ouvrières.
Mr Louis Tourrette - entrepreneur et industriel inventif - faisait tourner jusqu’à 15 usines (11 à Saint
Privat et Ucel, 1 à Barnas, 1 à La Rochette en Savoie et 1 à Milan) et a su -
selon l’évolution économique -
maintenir, adapter et reconvertir, pour certains, ces lieux au service du bien
public.
Dès le matin, nous partons de Fresneau (lieu
d’hébergement bien sympathique près de Montélimar), et, traversant le Rhône,
nous nous rendons à l’eucharistie du dimanche à la paroisse St Benoit
d’Aubenas, en Ardèche méridionale.
Nous y sommes très bien accueillies par le père
Fabien Plantier qui célèbre ce jour-là. Il nous demande de présenter notre
petit groupe de 13 sœurs (les sœurs de Virieu étant reparties la veille au
soir)
A midi, pour le déjeuner, nous avons rendez-vous à
l’EHPAD (Etablissement d’Hébergement pour Personnes Agées Dépendantes)
« Le Charnivet », à Saint-Privat, où se situaient en fait, à l’origine, la
maison d’habitation, le parc d’agrément, l’usine principale et les bureaux de
Mr Louis Tourrette et de l’un de ses fils, Mr Paul Tourrette.
Depuis
cette époque, une partie de cet ensemble a été démolie pour être transformée en
une nouvelle activité sociale et médicale au service de la population de la
région : EHPAD « Le Charnivet ».
Nous avons pu visiter une grande partie de cette maison. L’escalier
du perron, le vestibule d’entrée avec son carrelage typique de l’époque, les
couloirs et pièces (salle à manger, salon) et une partie du jardin sont bien
encore là, tels qu’à l’origine. Jean Louis Tourrette et une animatrice de cet
Ehpad ont donné beaucoup de leur temps pour nous montrer ces lieux de mémoire -
aussi bien pour lui que pour nous.
Vers
15h30, nous sommes parties toujours accompagnées de Jean Louis Tourrette, de sa
femme et de Maguy - Mme Marguerite Varcin - (originaire elle aussi du pays,
présidente du club des Ainés de Saint Privat et très intéressée par le
patrimoine local) visiter l’Ecomusée de
la soie à Chirols- à une vingtaine
de kilomètres d’Ucel.
Dès
le milieu du 18è siècle et plus particulièrement à partir de 1815/1820, durant
plus de deux siècles et demi, cette industrie du moulinage et ses activités
annexes, nichée au fond des vallées, a fait de l’Ardèche un des principaux
départements industriels de France.
Il
y est retracé toute l’histoire du ver à soie
(depuis la « graine » produite
par un papillon/bombyx Mori), l’élevage du ver avec les feuilles de
mûrier, la fabrication du cocon par la
chenille du bombyx du murier, la transformation du ver en chrysalide, celle-ci
étant soit étouffée pour pouvoir récupérer un fil de soie intact dans sa
longueur, soit laissée se transformer en papillon pour renouveler le cycle de
production.
Puis
viennent les différentes opérations d’obtention et de traitement du fil en flottes (écheveaux de soie) dévidé puis
mouliné : c'est l’opération d’ouvraison avec des torsions de 150 à 3000
t/m, dans le but, soit d’augmenter la résistance du fil de soie ou autres,
soit de produire différents fils d’effets ou d’aspects divers avec les divers
traitements complémentaires et annexes selon les étoffes recherchées (tissus,
mailles, dentelles, broderies, rubanerie... ).
Maquettes, film
documentaire, salles avec les différentes machines, sonorisation (bruit des
machines), photos… nous ont fait
découvrir de façon pédagogique ce qui a été la réalité du travail de cette
industrie ; celui-ci demande un
savoir faire, une expérience et une
dextérité transmis de génération en
génération qui mériteraient de ne pas être perdus.
La vie sociale,
dans ce musée, est largement abordée. Travail essentiellement féminin, à 90% :
les jeunes filles entraient à la fabrique dès l’âge de 12 ans (quelque fois
plus jeunes) ; elles venaient gagner leur vie et celle de leur
famille : c’était une bouche de moins à nourrir et un salaire de plus au
foyer, dans ces régions agricoles.
Le
moulinage de la soie naturelle exige des conditions très particulières :
un degré hygrométrique (taux d’humidité) élevé - jusqu’à 85 %, et une
température constante de 22/23°. Pour obtenir cette température, les salles
d’ouvraisons, sur 1 ou 2 niveaux, étaient semi- enterrées et ouvertes seulement
coté sud. Pour éviter que les fils cassent, les machines ne s’arrêtaient
jamais, les moulinages tournant donc en feu continu. Les bâtiments étaient en
général placés parallèlement à la rivière, avec une roue à godets ou une
turbine alimenté par une béalière (canal de dérivation de l’eau du cours d’eau)
de façon à produire et utiliser la force motrice ; ceci, avant l’apparition et
l’utilisation des moteurs électriques. Ceci n’était pas sans
inconvénient : lors des périodes de pluies torrentielles (épisodes dits cévenols) propres à cette région des
Cévennes, les ateliers étaient régulièrement inondés et il fallait attendre que
les crues cessent, que les sols sèchent et que les ateliers et machines soient
à nouveau nettoyés pour remettre en route la production.
Le
travail était répétitif, les journées longues (12 à 14h par jour) ; peu de
distractions (chants, promenades…). Les jeunes filles arrivaient des villages
et des environs (de 5 à 15 km de là, et plus…)
dès le dimanche soir et ne repartaient chez elles que le samedi soir.
Jusqu’en 1936 (Accords Matignon), les vacances n’existaient pas et les seules
interruptions de travail vécues par ces jeunes filles étaient provoquées par
les périodes de cueillettes de fruits,
de vendanges ou de ramassage des châtaignes.
Pendant la
semaine, elles logeaient dans des dortoirs puis dans des chambres de 4 à 6 lits
et étaient encadrées dans leur travail
et leur vie par une « gouvernante », souvent la femme du contremaître
ou du patron.
Nous avons
terminé la journée au cimetière de Pont d’Aubenas, faisant mémoire de toutes
nos sœurs ayant vécues en France et servies,
d’une manière simple et modeste – fidèles à notre charisme.
Les visites de
cette journée nous ont ainsi permis de mieux comprendre les conditions de vie
et de travail des jeunes filles de cette époque qu’elles soient françaises,
arméniennes, ou polonaises sans parler des difficultés rencontrées par celles qui
étaient orphelines ou déracinées de leur pays..
Nous avons pris
conscience de l’origine et de l’enracinement de notre congrégation en France
dans ce lieu et dans ce milieu ouvrier-paysan.
Les plus jeunes d’entre nous qui connaissaient peu cette histoire ont
ressenti ici la présence de Mère Ursule
et de nos sœurs, et le lien qui nous unit aux générations passées. Nous avons
aussi évoqué Sr Angèle, dont la famille était originaire d’Aubenas, et qui,
embauchée dans l’entreprise de Mr Louis
Tourrette, a pu ainsi et connaître la
Congrégation et rencontrer personnellement Mère Ursule.
Ces 2 journées,
vécues dans la joie de la découverte et des rencontres furent un véritable retour « aux sources » en France.
** Lundi 1er
Juin 2015 - VIVIERS
Après la messe Marie-Thé et Ania repartent seules en voiture vers
Lyon ; et le reste de notre groupe, après
une 2è nuit à Fresneau, allons à Viviers – dernière étape de notre WE.
Visite de la maison diocésaine –, essentiellement de la chapelle où Charles
de Foucault a été ordonné alors qu’il était trappiste à l’Abbaye de Notre Dame
des neiges ; et du musée qui comporte beaucoup d’écrits, de croquis et
d’objets religieux lui ayant appartenu. C’est une des sœurs italiennes de la
communauté des « Disciples de l’Evangile » nouvelle
Congrégation, nouvellement installée à Viviers qui nous guide dans cette
visite.
Puis nous nous évadons rapidement – juste avant le repas - pour aller
visiter cette petite ville de Viviers, petit joyau de l’Ardèche. Il faudrait
plusieurs heures pour admirer l’architecture des maisons, des rues, des
sculptures… ; ville doublement fortifiée et chargée d’histoire.
Puis après le repas, et juste avant de remonter dans nos voitures
respectives, nous nous rassemblons devant le Seigneur par un « Je vous salue Marie ». Ces
journées nous ont unies.
HISTORIQUE DU TRAVAIL DES URSULINES EN FRANCE
La venue des Ursulines en France en
1930, n’est pas pensée par la Fondatrice comme un lieu d’action apostolique
visant la population de ce pays. Pragmatique, elle répond à un besoin, qui est
celui de la jeunesse féminine polonaise.
En 1929 la crise économique s’étend à
tous les pays industrialisés. La Pologne est particulièrement touchée. Les
Polonais, n’hésitent pas à s’expatrier pour trouver du travail. En France, on a
besoin de bras à bon marché. Une usine de moulinage de la soie – en Ardèche -
recherche des ouvrières jusqu’en Pologne.
La Fondatrice accepte la demande du
gouvernement polonais de faire accompagner 130 jeunes filles de 15 à 20 ans,
par une trentaine de jeunes sœurs, qui assureront leur éducation et leur
protection, en travaillant avec elles et comme elles dans cette usine.
Cette décision prouve la modernité,
l’audace, ainsi que la conception de ce que suppose le service de la jeunesse,
car l’idée même d’un travail en usine pour des consacrées était impensable à
cette époque. Et, quand les jeunes repartent en Pologne en 1935, les Ursulines
restent.
Fidèle à son intuition et pressée par le besoin d’argent pour pouvoir faire
vivre les communautés et le travail apostolique elle recherche, comme dans les
pays Scandinaves, (entre 1917 et 1921) des moyens de servir les classes plus
aisées et d’avoir ainsi des revenus pour les plus pauvres. Le Salève en Savoie était un magnifique lieu de
villégiature pour les familles bourgeoises françaises. Mais la fondatrice n’est
déjà plus là. La guerre a commencé, et les sœurs accueillent ce que la
providence leur donne : elles répondent aux propositions qui leur sont
faites
Plusieurs tentatives d’ouverture de
communauté, autant pendant la vie de la Fondatrice comme après sa mort nous
montrent que nos sœurs ont cherché comment s’insérer dans le panorama de
l’Eglise de France. Les demandes qui leur ont été adressées sont toujours en
direction de l’accueil de pèlerins ou de retraitants ainsi que le travail auprès
de jeunes filles du monde ouvrier ou bien en direction de l’émigration
polonaise. Ces tentatives ont duré de quelques mois à plusieurs années.
En pleine guerre, mais situées dans la
partie de la France libre, elles seront des bases arrières aussi efficaces que silencieuses, de la résistance
polonaise en lien avec la résistance du Vercors.
Prendre des risques, en accepter les
conséquences, pour lutter contre l’inacceptable.
Une proposition de travail fut
adressée à la Congrégation, par Melle Cécile PONCET, fondatrice d’une
Institution à Grenoble – elle-même dans la mouvance des chrétiens sociaux –
pour diriger une maison de retraite pour ouvrières âgées et sans soutien de
famille.
3 sœurs, s’occupèrent de 30 personnes
âgées (de plus de 70 ans) ; mais en même temps se dépensèrent avec les
mouvements de résistance de sauvetage des Juifs et des Polonais, et gardèrent
un contact avec la Jeunesse étudiante catholique, pour des retraites de
différents groupes d’Action Catholique, et d’Equipe Sociale. La présence de
l’armée allemande, cherchant à annihiler la résistance dans le VERCORS, obligea
les sœurs à quitter la région.
1941- 1943 et 1964-2003
« Bon Accueil » à
Grenoble fait partie de la même
Association dauphinoise, initiée par Melle PONCET, mais s’occupant, dans cette
maison de Dames âgées, plutôt aisées.
Au début 3 sœurs Ursulines qui avaient
quitté Le Salève, prirent le travail en charge, mais durent, de la même manière
que celles de CLAIX, quitter la région de Grenoble en 1943.
Ce n’est qu’en 1964, à la demande de
Melle TORCHON, amie et co-fondatrice de l’Association dauphinoise, qu’une
communauté plus importante, s’est établie, dans cette maison, pour en prendre
la direction et la gestion, tout en s’occupant du travail pastoral avec des
polonais de Grenoble.
Un apostolat qui à son début, ne
correspondait pas vraiment à notre charisme, mais la société vieillissant il a
par la suite répondu à l’adaptation aux « signes des temps »
(présence à cette pauvreté qu’est la vieillesse) ; et il a permis pendant
de nombreuses années d’apporter un soutien financier à la Congrégation.
C’est toujours avec l’Association
dauphinoise, qui avait ouvert une maison du « Repos de l’ouvrière » à
Virieu sur Bourbre, pour les ouvrières en besoin de convalescence, que Sr Brigitte
RODZIEWICZ, décida de collaborer pour la gestion de cette maison – 45 personnes
en convalescence.
Un groupe de sœurs du Salève fût
transféré à Virieu, le 31 mai 1942.
Le travail consistait à s’occuper
de : la gestion, l’administration, l’animation, les soins infirmiers des
malades, ainsi que de la cuisine, le ménage, la buanderie, le travail à la
ferme et aux champs.
De 1942 à 1945, les sœurs, à leurs
risques et périls, autorisèrent, dans la maison, les réunions, de résistants
polonais en lien avec la résistance française. A cette occasion les Ursulines
firent la connaissance du P. Bozowski,
alors aumônier du Lycée polonais de Villars de Lans, dans le Vercors, un des
hauts lieux de la Résistance française, lycée qui forma une partie de l’intelligentsia
polonaise de 1940 à 1946, avant son retour en Pologne.
Il serait difficile de penser que la
Congrégation ait eu, dans ces conditions difficiles et dangereuses – l’Europe
étant en guerre – une quelconque stratégie d’implantation apostolique. Les sœurs
répondaient aux demandes qu’il leur était adressé, mais qui cependant allaient
dans le sens de notre charisme : le service des populations ouvrières ou
paysannes avec la préoccupation de la formation des jeunes filles de ce milieu
rural.
De 1943 à 1972, les sœurs avaient une
école d’économie domestique pour les jeunes filles de milieu rural avoisinant.
La simplicité, la bonté, le sourire,
l’attention portée à chacun, le travail dans les champs et dans les multiples
secteurs de la maison de repos, ainsi que les services paroissiaux rendus
(catéchèse, sacristie, visite aux malades…), aura permis que certaines
personnes dans le village disent « nos
sœurs ».
Cette adoption est au-delà des
barrières de la langue et de la culture.
Cependant s’inculturer n’est pas une
chose simple, il ne suffit pas de savoir parler la langue du pays, mais de
chercher à comprendre un monde différent, de l’apprécier et jusqu’à l’aimer, ce
qui ne veut pas dire perdre l’amour de son propre pays.
Dès les années 1980, les sœurs vieillissant,
et ne pouvant assurer tous les services, du personnel salarié fut embauché
progressivement.
En 1995, la décision fut prise, d’embaucher
une directrice laïque et de retirer progressivement les sœurs d’une institution
dont nous n’étions que les gérantes.
L’entrée de quelques Françaises dans
la communauté entre les années 1960 à 1980 - permit d’envisager un nouveau lieu
de mission. On ne répondra plus à une demande, mais une implantation dans une
grande ville sera envisagée pour, à la fois répondre aux besoins de formation
des sœurs et pour rester fidèles, à l’intuition apostolique de la Congrégation.
La population féminine rurale émigrant
vers les grandes villes, il fallait penser à des lieux d’hébergement (Foyers)
pour les accueillir. Les sœurs ont travaillé en lien avec les autres foyers
issus d’horizons différents. Elles sont
entrées dans la mouvance des Foyers pour jeunes ouvriers initiés, à Lyon par
les Pères Jésuites, pour répondre aux besoins d’une population à évangéliser et
dont les conditions de vie – en ville – étaient précaires. La France catholique
se découvrait « pays de mission », de par la déchristianisation de
ses classes populaires.
La supérieure générale, M. Françoise
Popiel prévoyant d’envoyer Sr Angèle Plantevin à Rome et pensant peut-être - au
développement de la Congrégation en France, envoie de Pologne, en 1958, 2 sœurs
plus jeunes : Sr Dominique Przelaskowska et Sr Thérèse Popiel (ce qui
n’était pas facile dans cette période du rideau de fer). Elles seront les deux
premières directrices du Foyer.
1959-2006
La vente du Domaine d’Origny, a permis aux sœurs de
réfléchir à l’achat d’une maison et à
l’ouverture d’une œuvre qui serait dans le droit fil du charisme et des
insertions sociales réalisées par les sœurs depuis leur arrivée en
France : fidélité au monde du travail et aux différentes formes de
pauvreté vécues par la population féminine.
Devant le refus du Cardinal Gerlier
qui pensait ne pas avoir besoin de ce genre de service dans son diocèse, les
sœurs habilement ouvrirent un Foyer d’étudiantes, qui accueillit – dès la 2è
année – quelques jeunes filles au travail dans les hôpitaux lyonnais.
En 1964 fut décidé, avec l’accord des
supérieures, la construction d’un nouveau bâtiment et l’ouverture d’un Foyer
pour les jeunes filles travaillant dans un hôpital voisin. Il fut appelé
« La Montée -La Rencontre »
Ce n’est qu’en 1973, que Sr Angèle Plantevin, fit adhérer le Foyer à
l’Union Nationale des Foyers de Jeunes travailleurs.
Le principal service apostolique de la
communauté du Foyer de la Montée St Laurent, consistait à accueillir des jeunes
filles de 17 à 25 ans, qui arrivaient à Lyon de différentes régions de France
et par la suite, de l’étranger, pour une recherche de travail – ou parfois une
poursuite d’étude.
L’accueil était sans considération du
milieu social, du pays d’origine ou de la confession religieuse.
Nombre de ces jeunes passaient par une
période de grandes difficultés personnelles ou familiales et bénéficiaient
d’une prise en charge éducative spécifique. La communauté était aidée par une
équipe compétente.
1966-1975
L’ouverture de la communauté de Paray
fut liée au désir de se trouver dans cette Cité du Sacré Cœur d’où se développa
dès le 17 ème siècle le culte si cher au cœur de notre Fondatrice (en 1920 à
Rome, elle était présente à la canonisation de Marguerite Marie).
Notre mission consistait à accueillir
des pèlerins qui à cette époque étaient une population adulte, de passage, sans
qu’aucun lien durable puisse s’instaurer.
1975-2006
La fermeture de Paray le Monial
correspondra à l’ouverture de la communauté de la rue Bellecordière où trois
sœurs furent envoyées. Cette communauté visait l’accueil de jeunes françaises
qui pensaient à la vie religieuse, et un type de vie communautaire moins conventuel.
Une belle présence « aux joies et aux peines » de leurs contemporains
a été vécu par cette petite fraternité ouverte au tout-venant qui pouvait
trouver là un peu de la chaleur fraternelle pour reprendre sa route.
Sollicitées par frère Roger Schlutz
pour accompagner la jeunesse des pays de l’Est de L’Europe, qui après 1989
commençait à se rendre sur cette colline de la Bourgogne, nos sœurs par vagues
successives de 2 ou 3 sœurs vivent ce service dans un esprit œcuménique depuis
1994
2006-2012
Considérant la situation démographique
et économique de notre Centre, et devant la certitude qu’aucune sœur – d’aucun
pays – ne pourrait prendre la relève de ce travail pourtant si reconnu, si
important et profondément fidèle à notre charisme, les sœurs – avec l’accord de
la supérieure générale et de son Conseil, décidèrent la vente de la propriété
et l’arrêt de l’œuvre du Foyer de la Montée St Laurent.
Il nous a été demandé de continuer une
présence auprès de jeunes.
Nous nous sommes alors établies, dans
un immeuble récemment construit, en partenariat avec une Association qui
s’occupe de logements sociaux et de l’aide aux congrégations qui envisageaient
la fermeture de leurs institutions.
Chacune des sœurs travaille ou est
volontaire dans des institutions ou services d’Eglise (Secrétariat des
Supérieur(e)s majeur(e)s, Formation des laïcs en Mission Ecclésiale, ou en
collaboration avec des centres spirituels (pour l’accompagnement des Exercices
Spirituels de saint Ignace) ou des associations à caractère social, notamment
le CPU (Coup de Pouce Universitaire) – association crée par la famille
ignatienne pour accueillir en priorité les étudiants étrangers.
En 2011 nous avons ouvert une communauté
avec trois sœurs pour un service apostolique dans la vallée de Maurienne. La
communauté réside à Modane
Sr. Renata, Sr. Françoise et sr. Marguerite |
Sr. Grażyna |