NOTRE HISTOIRE



TROIS JOURS DANS L’ARDECHE, SUR LES PAS DE MERE URSULE LEDOCHOWSKA
Les 30, 31 mai et 1erjuin 2015

Samedi 30 mai 2015 – AUBENAS / FERRRIERES
Week end intercommunautaire en Ardèche (compte-rendu de  Mady)
Le Samedi 30 mai 2015
Nous avions rendez-vous avec toutes les sœurs du « Centre de France » au foyer Saint Louis, tenu par les frères Maristes dans le Quartier de Ferrières, (site du premier hébergement des sœurs et des jeunes filles polonaises à leur arrivée à Ucel/Aubenas).
Nous sommes royalement reçues par les frères, tous en retraite, mais engagés dans l’Eglise sur le territoire d’Aubenas. Nous partageons l’apéritif préparé par leurs soins. Puis tous ensemble nous partageons le repas sous les arbres de la cour. C’est un moment de grande simplicité et de joie. Chaque communauté a apporté un plat pour le repas.
Puis les invités arrivent. Chacun et chacune se présente : Monsieur Jean Louis Tourrette, le père Michel Martin Vicaire Général du diocèse d’Ardèche, des personnes qui ont connu les sœurs de près ou de loin : Thérèse Morrisson, Madame Marie,  Alain Martinot qui a déjà écrit de nombreux articles et ouvrages sur la présence des sœurs en terre ardéchoise …,  et aussi trois sœurs de Saint Joseph d’Aubenas et d'autres paroissiens. Tous viennent fraternellement partager ce moment avec nous.
Monsieur Jean Louis Tourette raconte l’histoire de son père Louis Tourrette et de son grand père, directeurs des moulinages de soieries. Ces usines fonctionnaient à plein à l’époque des années 1920. Par la suite le manque de main-d’œuvre existant en France, les Tourrette ont écrit à 450 congrégations pour obtenir des ouvrières dans les moulinages. Une seule Congrégation a accepté. Ce sont les Ursulines de Pologne fondées par Mère Ursule Ledochowska qui ont dit « oui » à la proposition. Six sœurs alors viennent en France, c’est le 20 juillet 1930 et le 6 août 1930 un premier groupe de jeunes filles arrive. Elles sont logées à Ferrières ainsi que les sœurs. Monsieur Tourrette commence à connaître des difficultés pour son usine et en 1932, c’est l’arrêt pur et simple des moulinages. On pense à une reconversion et la Congrégation démarre l’action au Préventorium qui accueille des enfants de santé fragile en 1935. A cette époque on comptait 32 sœurs et 480 enfants. Les détails sont dans les Archives de notre maison mère à Pniewy (en Pologne) mais ici nous n’avons pas de courrier de la Fondatrice. Jean Louis Tourrette a cependant apporté des photos d’époque qui, pour nous, sont émouvantes. Le retrait définitif des sœurs à Ucel a lieu le 4 octobre 1969.
Après ce temps convivial à Ferrières, nous allons au Préventorium devenu un Institut Thérapeutique Educatif et Pédagogique géré par l’Association Ardéchoise pour l’Enfant, l’Adolescent et l’Adulte en Difficulté. Nous sommes tous reçus par le Président actuel accompagné de quelques administrateurs de l'Association du « Home Vivarois ». Il nous explique  qu’aujourd’hui il y a 175 enfants et 120 salariés à temps plein. Ces enfants ont pour la plupart beaucoup souffert et certains présentent des troubles du comportement. Ils vivent en internat ou semi-internat. Les week-ends, ils sont accueillis dans des familles d’accueil. 
Après la visite de l’Etablissement, entièrement rénové, nous nous rendons dans une petite chapelle appelée « Chapelle des Voyageurs », dédiée à Rosette de Vesseaux, et ensemble nous recueillons les fruits de cette journée et célébrons les Vêpres.
Les sœurs de Virieu repartent, laissant à regret le groupe qui se retrouve avec les membres de l'Association du «Home Vivarois », pour une collation et la remise de cadeaux. 


Dimanche 31 mai 2015 – UCEL / Saint PRIVAT compte-rendu de Mireille
Rappel : c’est à Pont d’Ucel, à l’usine de la SAM (« Soie Artificielle Moulinée ») reconvertie à partir du 1er juin 1935 en préventorium d’enfants/« Le Préventorium Vivarois» visitée hier après-midi samedi 30 mai, que - de début 1930 à fin 1934/début 1935 - plus de 130 jeunes filles polonaises étaient employées et logées (après déménagement de Ferrières - fin 1931)  au moulinage de la soie naturelle et des fils artificiels (rayonne, acétate…), accompagnées d’une trentaine de sœurs guère plus âgées qu’elles. Ce fut là,  le premier lieu apostolique des Ursulines en France.
C’est à la SAM, à Pont d’Ucel, que les sœurs ont travaillé dans le cadre du moulinage de la soie naturelle et des fils artificiels jusqu’à l’arrêt de cette activité dans cette fabrique, début 1935, conséquence de la crise mondiale qui a débutée en 1929.
 La maison ayant été reconvertie en Préventorium, dans la lutte nationale antituberculeuse, elles se sont occupées d’enfants -de 2 à 14 ans - envoyés de toute la France, à partir du 1er juin 1935 et cela jusqu’en 1969.
Lors de ses voyages en France,  Mère Ursule y rencontrait là les sœurs et les ouvrières polonaises.
Mr Jean Louis Tourrette, (petit-fils de Louis qui avait embauché les jeunes filles par le biais de Mère Ursule, 85 ans plus tôt), nous a fait  partagé sa passion - celle de son grand-père, de son père et de son oncle - et nous a permis de comprendre peu à peu ce qu’était ce travail si spécifique de la soie naturelle et des fils artificiels avec ses différentes opérations de filature, dévidage, moulinage et bobinage ; ainsi que la vie des jeunes filles qui y travaillaient comme ouvrières.
Mr Louis Tourrette -  entrepreneur et industriel inventif -  faisait tourner jusqu’à 15 usines (11 à Saint Privat et Ucel, 1 à Barnas, 1 à La Rochette en Savoie et 1 à Milan) et a su - selon l’évolution économique  - maintenir, adapter et reconvertir, pour certains, ces lieux au service du bien public.
Dès le matin, nous partons de Fresneau (lieu d’hébergement bien sympathique près de Montélimar), et, traversant le Rhône, nous nous rendons à l’eucharistie du dimanche à la paroisse St Benoit d’Aubenas, en Ardèche méridionale.
Nous y sommes très bien accueillies par le père Fabien Plantier qui célèbre ce jour-là. Il nous demande de présenter notre petit groupe de 13 sœurs (les sœurs de Virieu étant reparties la veille au soir)
A midi, pour le déjeuner, nous avons rendez-vous à l’EHPAD (Etablissement d’Hébergement pour Personnes Agées Dépendantes) « Le Charnivet », à Saint-Privat, où se situaient en fait, à l’origine, la maison d’habitation, le parc d’agrément, l’usine principale et les bureaux de Mr Louis Tourrette et de l’un de ses fils, Mr Paul Tourrette.
Depuis cette époque, une partie de cet ensemble a été démolie pour être transformée en une nouvelle activité sociale et médicale au service de la population de la région : EHPAD « Le Charnivet ».
Nous avons pu visiter  une grande partie de cette maison. L’escalier du perron, le vestibule d’entrée avec son carrelage typique de l’époque, les couloirs et pièces (salle à manger, salon) et une partie du jardin sont bien encore là, tels qu’à l’origine. Jean Louis Tourrette et une animatrice de cet Ehpad ont donné beaucoup de leur temps pour nous montrer ces lieux de mémoire - aussi bien pour lui que pour nous.
Vers 15h30, nous sommes parties toujours accompagnées de Jean Louis Tourrette, de sa femme et de Maguy - Mme Marguerite Varcin - (originaire elle aussi du pays, présidente du club des Ainés de Saint Privat et très intéressée par le patrimoine local) visiter l’Ecomusée de la soie à Chirols-  à une vingtaine de kilomètres d’Ucel.
Dès le milieu du 18è siècle et plus particulièrement à partir de 1815/1820, durant plus de deux siècles et demi, cette industrie du moulinage et ses activités annexes, nichée au fond des vallées, a fait de l’Ardèche un des principaux départements industriels de France.
Il y est retracé  toute l’histoire du ver à soie (depuis  la « graine » produite par un papillon/bombyx Mori), l’élevage du ver avec les feuilles de mûrier,  la fabrication du cocon par la chenille du bombyx du murier, la transformation du ver en chrysalide, celle-ci étant soit étouffée pour pouvoir récupérer un fil de soie intact dans sa longueur, soit laissée se transformer en papillon pour renouveler le cycle de production.
Puis viennent les différentes opérations d’obtention et de traitement du fil  en flottes (écheveaux de soie) dévidé puis mouliné : c'est l’opération d’ouvraison avec des torsions de 150 à 3000 t/m, dans le but, soit d’augmenter la résistance du fil de soie ou autres, soit de produire différents fils d’effets ou d’aspects divers avec les divers traitements complémentaires et annexes selon les étoffes recherchées (tissus, mailles, dentelles, broderies, rubanerie... ).
Maquettes, film documentaire, salles avec les différentes machines, sonorisation (bruit des machines), photos…  nous ont fait découvrir de façon pédagogique ce qui a été la réalité du travail de cette industrie ; celui-ci  demande un savoir faire, une  expérience et une dextérité  transmis de génération en génération qui mériteraient de ne pas être perdus.

La vie sociale, dans ce musée, est largement abordée. Travail essentiellement féminin, à 90% : les jeunes filles entraient à la fabrique dès l’âge de 12 ans (quelque fois plus jeunes) ; elles venaient gagner leur vie et celle de leur famille : c’était une bouche de moins à nourrir et un salaire de plus au foyer, dans ces régions agricoles.
Le moulinage de la soie naturelle exige des conditions très particulières : un degré hygrométrique (taux d’humidité) élevé - jusqu’à 85 %, et une température constante de 22/23°. Pour obtenir cette température, les salles d’ouvraisons, sur 1 ou 2 niveaux, étaient semi- enterrées et ouvertes seulement coté sud. Pour éviter que les fils cassent, les machines ne s’arrêtaient jamais, les moulinages tournant donc en feu continu. Les bâtiments étaient en général placés parallèlement à la rivière, avec une roue à godets ou une turbine alimenté par une béalière (canal de dérivation de l’eau du cours d’eau) de façon à produire et utiliser la force motrice ; ceci, avant l’apparition et l’utilisation des moteurs électriques. Ceci n’était pas sans inconvénient : lors des périodes de pluies torrentielles (épisodes dits cévenols) propres à cette région des Cévennes, les ateliers étaient régulièrement inondés et il fallait attendre que les crues cessent, que les sols sèchent et que les ateliers et machines soient à nouveau nettoyés pour remettre en route la production.
Le travail était répétitif, les journées longues (12 à 14h par jour) ; peu de distractions (chants, promenades…). Les jeunes filles arrivaient des villages et des environs (de 5 à 15 km de là, et plus…)  dès le dimanche soir et ne repartaient chez elles que le samedi soir. Jusqu’en 1936 (Accords Matignon), les vacances n’existaient pas et les seules interruptions de travail vécues par ces jeunes filles étaient provoquées par les  périodes de cueillettes de fruits, de vendanges ou de ramassage des châtaignes.
Pendant la semaine, elles logeaient dans des dortoirs puis dans des chambres de 4 à 6 lits et  étaient encadrées dans leur travail et leur vie par une « gouvernante », souvent la femme du contremaître ou du patron.
Nous avons terminé la journée au cimetière de Pont d’Aubenas, faisant mémoire de toutes nos sœurs ayant vécues en France et servies,  d’une manière simple et modeste – fidèles à notre charisme.

Les visites de cette journée nous ont ainsi permis de mieux comprendre les conditions de vie et de travail des jeunes filles de cette époque qu’elles soient françaises, arméniennes, ou polonaises sans parler des difficultés rencontrées par celles qui  étaient orphelines ou déracinées de leur pays..
Nous avons pris conscience de l’origine et de l’enracinement de notre congrégation en France dans ce lieu et dans ce milieu ouvrier-paysan.  Les plus jeunes d’entre nous qui connaissaient peu cette histoire ont ressenti  ici la présence de Mère Ursule et de nos sœurs, et le lien qui nous unit aux générations passées. Nous avons aussi évoqué Sr Angèle, dont la famille était originaire d’Aubenas, et qui, embauchée dans l’entreprise de Mr  Louis Tourrette,  a pu ainsi et connaître la Congrégation et rencontrer personnellement Mère Ursule.
Ces 2 journées, vécues dans la joie de la découverte et des rencontres furent un véritable  retour « aux sources » en France.

** Lundi 1er Juin 2015  -  VIVIERS

Après la messe Marie-Thé et Ania repartent seules en voiture vers Lyon ; et le reste de notre groupe, après  une 2è nuit à Fresneau, allons à Viviers – dernière étape de notre WE.
Visite de la maison diocésaine –, essentiellement de la chapelle où Charles de Foucault a été ordonné alors qu’il était trappiste à l’Abbaye de Notre Dame des neiges ; et du musée qui comporte beaucoup d’écrits, de croquis et d’objets religieux lui ayant appartenu. C’est une des sœurs italiennes de la communauté  des « Disciples de l’Evangile » nouvelle Congrégation, nouvellement installée à Viviers qui nous guide dans cette visite.
Puis nous nous évadons rapidement – juste avant le repas - pour aller visiter cette petite ville de Viviers, petit joyau de l’Ardèche. Il faudrait plusieurs heures pour admirer l’architecture des maisons, des rues, des sculptures… ; ville doublement fortifiée et chargée d’histoire.

Puis après le repas, et juste avant de remonter dans nos voitures respectives, nous nous rassemblons devant le Seigneur par un  « Je vous salue Marie ». Ces journées nous ont unies.



HISTORIQUE DU TRAVAIL DES URSULINES EN FRANCE


La venue des Ursulines en France en 1930, n’est pas pensée par la Fondatrice comme un lieu d’action apostolique visant la population de ce pays. Pragmatique, elle répond à un besoin, qui est celui de la jeunesse féminine polonaise.

En 1929 la crise économique s’étend à tous les pays industrialisés. La Pologne est particulièrement touchée. Les Polonais, n’hésitent pas à s’expatrier pour trouver du travail. En France, on a besoin de bras à bon marché. Une usine de moulinage de la soie – en Ardèche - recherche des ouvrières jusqu’en Pologne.

La Fondatrice accepte la demande du gouvernement polonais de faire accompagner 130 jeunes filles de 15 à 20 ans, par une trentaine de jeunes sœurs, qui assureront leur éducation et leur protection, en travaillant avec elles et comme elles dans cette usine.

Cette décision prouve la modernité, l’audace, ainsi que la conception de ce que suppose le service de la jeunesse, car l’idée même d’un travail en usine pour des consacrées était impensable à cette époque. Et, quand les jeunes repartent en Pologne en 1935, les Ursulines restent.

Fidèle à son intuition et pressée  par le besoin d’argent pour pouvoir faire vivre les communautés et le travail apostolique elle recherche, comme dans les pays Scandinaves, (entre 1917 et 1921) des moyens de servir les classes plus aisées et d’avoir ainsi des revenus pour les plus pauvres. Le Salève  en Savoie était un magnifique lieu de villégiature pour les familles bourgeoises françaises. Mais la fondatrice n’est déjà plus là. La guerre a commencé, et les sœurs accueillent ce que la providence leur donne : elles répondent aux propositions qui leur sont faites

Plusieurs tentatives d’ouverture de communauté, autant pendant la vie de la Fondatrice comme après sa mort nous montrent que nos sœurs ont cherché comment s’insérer dans le panorama de l’Eglise de France. Les demandes qui leur ont été adressées sont toujours en direction de l’accueil de pèlerins ou de retraitants ainsi que le travail auprès de jeunes filles du monde ouvrier ou bien en direction de l’émigration polonaise. Ces tentatives ont duré de quelques mois à plusieurs années.
En pleine guerre, mais situées dans la partie de la France libre, elles seront des bases arrières aussi  efficaces que silencieuses, de la résistance polonaise en lien avec la résistance du Vercors.
Prendre des risques, en accepter les conséquences, pour lutter contre l’inacceptable.

Une proposition de travail fut adressée à la Congrégation, par Melle Cécile PONCET, fondatrice d’une Institution à Grenoble – elle-même dans la mouvance des chrétiens sociaux – pour diriger une maison de retraite pour ouvrières âgées et sans soutien de famille.
3 sœurs, s’occupèrent de 30 personnes âgées (de plus de 70 ans) ; mais en même temps se dépensèrent avec les mouvements de résistance de sauvetage des Juifs et des Polonais, et gardèrent un contact avec la Jeunesse étudiante catholique, pour des retraites de différents groupes d’Action Catholique, et d’Equipe Sociale. La présence de l’armée allemande, cherchant à annihiler la résistance dans le VERCORS, obligea les sœurs à quitter la région.

1941- 1943 et 1964-2003

« Bon Accueil » à Grenoble  fait partie de la même Association dauphinoise, initiée par Melle PONCET, mais s’occupant, dans cette maison de Dames âgées, plutôt aisées.
Au début 3 sœurs Ursulines qui avaient quitté Le Salève, prirent le travail en charge, mais durent, de la même manière que celles de CLAIX, quitter la région de Grenoble en 1943.

Ce n’est qu’en 1964, à la demande de Melle TORCHON, amie et co-fondatrice de l’Association dauphinoise, qu’une communauté plus importante, s’est établie, dans cette maison, pour en prendre la direction et la gestion, tout en s’occupant du travail pastoral avec des polonais de Grenoble.

Un apostolat qui à son début, ne correspondait pas vraiment à notre charisme, mais la société vieillissant il a par la suite répondu à l’adaptation aux « signes des temps » (présence à cette pauvreté qu’est la vieillesse) ; et il a permis pendant de nombreuses années d’apporter un soutien financier à la Congrégation.

C’est toujours avec l’Association dauphinoise, qui avait ouvert une maison du « Repos de l’ouvrière » à Virieu sur Bourbre, pour les ouvrières en besoin de convalescence, que Sr Brigitte RODZIEWICZ, décida de collaborer pour la gestion de cette maison – 45 personnes en convalescence.
Un groupe de sœurs du Salève fût transféré à Virieu, le 31 mai 1942.
Le travail consistait à s’occuper de : la gestion, l’administration, l’animation, les soins infirmiers des malades, ainsi que de la cuisine, le ménage, la buanderie, le travail à la ferme et aux champs.

De 1942 à 1945, les sœurs, à leurs risques et périls, autorisèrent, dans la maison, les réunions, de résistants polonais en lien avec la résistance française. A cette occasion les Ursulines firent la connaissance du P. Bozowski, alors aumônier du Lycée polonais de Villars de Lans, dans le Vercors, un des hauts lieux de la Résistance française, lycée qui forma une partie de l’intelligentsia polonaise de 1940 à 1946, avant son retour en Pologne.

Il serait difficile de penser que la Congrégation ait eu, dans ces conditions difficiles et dangereuses – l’Europe étant en guerre – une quelconque stratégie d’implantation apostolique. Les sœurs répondaient aux demandes qu’il leur était adressé, mais qui cependant allaient dans le sens de notre charisme : le service des populations ouvrières ou paysannes avec la préoccupation de la formation des jeunes filles de ce milieu rural.

De 1943 à 1972, les sœurs avaient une école d’économie domestique pour les jeunes filles de milieu rural avoisinant.
La simplicité, la bonté, le sourire, l’attention portée à chacun, le travail dans les champs et dans les multiples secteurs de la maison de repos, ainsi que les services paroissiaux rendus (catéchèse, sacristie, visite aux malades…), aura permis que certaines personnes dans le village disent « nos sœurs ». 
Cette adoption est au-delà des barrières de la langue et de la culture.
Cependant s’inculturer n’est pas une chose simple, il ne suffit pas de savoir parler la langue du pays, mais de chercher à comprendre un monde différent, de l’apprécier et jusqu’à l’aimer, ce qui ne veut pas dire perdre l’amour de son propre pays.
Dès les années 1980, les sœurs vieillissant, et ne pouvant assurer tous les services, du personnel salarié fut embauché progressivement.
 En 1995, la décision fut prise, d’embaucher une directrice laïque et de retirer progressivement les sœurs d’une institution dont nous n’étions que les gérantes.
  
L’entrée de quelques Françaises dans la communauté entre les années 1960 à 1980 - permit d’envisager un nouveau lieu de mission. On ne répondra plus à une demande, mais une implantation dans une grande ville sera envisagée pour, à la fois répondre aux besoins de formation des sœurs et pour rester fidèles, à l’intuition apostolique de la Congrégation.
La population féminine rurale émigrant vers les grandes villes, il fallait penser à des lieux d’hébergement (Foyers) pour les accueillir. Les sœurs ont travaillé en lien avec les autres foyers issus d’horizons différents.  Elles sont entrées dans la mouvance des Foyers pour jeunes ouvriers initiés, à Lyon par les Pères Jésuites, pour répondre aux besoins d’une population à évangéliser et dont les conditions de vie – en ville – étaient précaires. La France catholique se découvrait « pays de mission », de par la déchristianisation de ses classes populaires.
La supérieure générale, M. Françoise Popiel prévoyant d’envoyer Sr Angèle Plantevin à Rome et pensant peut-être - au développement de la Congrégation en France, envoie de Pologne, en 1958, 2 sœurs plus jeunes : Sr Dominique Przelaskowska et Sr Thérèse Popiel (ce qui n’était pas facile dans cette période du rideau de fer). Elles seront les deux premières directrices du Foyer.

1959-2006

La vente du Domaine d’Origny, a permis aux sœurs de réfléchir à l’achat d’une maison et  à l’ouverture d’une œuvre qui serait dans le droit fil du charisme et des insertions sociales réalisées par les sœurs depuis leur arrivée en France : fidélité au monde du travail et aux différentes formes de pauvreté vécues par la population féminine.
Devant le refus du Cardinal Gerlier qui pensait ne pas avoir besoin de ce genre de service dans son diocèse, les sœurs habilement ouvrirent un Foyer d’étudiantes, qui accueillit – dès la 2è année – quelques jeunes filles au travail dans les hôpitaux lyonnais.
En 1964 fut décidé, avec l’accord des supérieures, la construction d’un nouveau bâtiment et l’ouverture d’un Foyer pour les jeunes filles travaillant dans un hôpital voisin. Il fut appelé « La Montée -La Rencontre »
Ce n’est qu’en 1973, que Sr Angèle Plantevin, fit adhérer le Foyer à l’Union Nationale des Foyers de Jeunes travailleurs.
Le principal service apostolique de la communauté du Foyer de la Montée St Laurent, consistait à accueillir des jeunes filles de 17 à 25 ans, qui arrivaient à Lyon de différentes régions de France et par la suite, de l’étranger, pour une recherche de travail – ou parfois une poursuite d’étude.
L’accueil était sans considération du milieu social, du pays d’origine ou de la confession religieuse.
Nombre de ces jeunes passaient par une période de grandes difficultés personnelles ou familiales et bénéficiaient d’une prise en charge éducative spécifique. La communauté était aidée par une équipe compétente.

1966-1975

L’ouverture de la communauté de Paray fut liée au désir de se trouver dans cette Cité du Sacré Cœur d’où se développa dès le 17 ème siècle le culte si cher au cœur de notre Fondatrice (en 1920 à Rome, elle était présente à la canonisation de Marguerite Marie).
Notre mission consistait à accueillir des pèlerins qui à cette époque étaient une population adulte, de passage, sans qu’aucun lien durable puisse s’instaurer.

1975-2006

La fermeture de Paray le Monial correspondra à l’ouverture de la communauté de la rue Bellecordière où trois sœurs furent envoyées. Cette communauté visait l’accueil de jeunes françaises qui pensaient à la vie religieuse, et un type de vie communautaire moins conventuel. Une belle présence « aux joies et aux peines » de leurs contemporains a été vécu par cette petite fraternité ouverte au tout-venant qui pouvait trouver là un peu de la chaleur fraternelle pour reprendre sa route.

Sollicitées par frère Roger Schlutz pour accompagner la jeunesse des pays de l’Est de L’Europe, qui après 1989 commençait à se rendre sur cette colline de la Bourgogne, nos sœurs par vagues successives de 2 ou 3 sœurs vivent ce service dans un esprit œcuménique depuis 1994

2006-2012
Considérant la situation démographique et économique de notre Centre, et devant la certitude qu’aucune sœur – d’aucun pays – ne pourrait prendre la relève de ce travail pourtant si reconnu, si important et profondément fidèle à notre charisme, les sœurs – avec l’accord de la supérieure générale et de son Conseil, décidèrent la vente de la propriété et l’arrêt de l’œuvre du Foyer de la Montée St Laurent.
Il nous a été demandé de continuer une présence auprès de jeunes.
Nous nous sommes alors établies, dans un immeuble récemment construit, en partenariat avec une Association qui s’occupe de logements sociaux et de l’aide aux congrégations qui envisageaient la fermeture de leurs institutions.
Chacune des sœurs travaille ou est volontaire dans des institutions ou services d’Eglise (Secrétariat des Supérieur(e)s majeur(e)s, Formation des laïcs en Mission Ecclésiale, ou en collaboration avec des centres spirituels (pour l’accompagnement des Exercices Spirituels de saint Ignace) ou des associations à caractère social, notamment le CPU (Coup de Pouce Universitaire) – association crée par la famille ignatienne pour accueillir en priorité les étudiants étrangers.

En 2011 nous avons ouvert une communauté avec trois sœurs pour un service apostolique dans la vallée de Maurienne. La communauté réside à Modane
Sr. Renata, Sr. Françoise et sr. Marguerite

Sr. Grażyna
L’avenir n’appartenant qu’à Dieu, nous gardons confiance même si à simple vue d’homme notre devenir est aléatoire.
Eglise de Modane