Siostra Irena Kubica
1930 - 2017
Sœur Irène est née le 27 mai
1930 à Poznan. Elle est l’ainée de ses
cinq frères.
Pendant la guerre de 1939 son
père est fait prisonnier. La même année, sa maman meurt laissant la petite
Irène âgée alors de 9 ans avec ses trois frères : Stanislas, Jerzy et
Tadeusz. De retour de la guerre son papa se remarie, naissent alors deux
enfants : Andrzej et Piotr.
Sœur Irène devient élève au lycée technique de Pniewy. Elle passe son
Baccalauréat.
C’est alors que Sœur Irène est
accueillie comme coadjutrice dans la Congrégation des Ursulines à Pniewy en 1950 :
elle a alors 20 ans. Puis elle fait son noviciat canonique en 1957, sa première
profession le 15 Août 1958 et sa profession perpétuelle en 1961 à Pniewy.
En Pologne Sœur Irène remplit des
fonctions de comptabilité, de secrétariat et de direction dans des maisons
d’enfants à caractère social : Lodz, Otorowo où elle sera directrice de
1964 à 1973.
Envoyée en France en 1974, elle
tient la direction du foyer de jeunes à Lyon.
Elle arrive à Virieu en 1996.
Dans la Congrégation, Sœur Irène
assure différentes responsabilités : Formation des jeunes religieuses, Directrice
de communautés, supérieure du Centre de France (1974 – 1996).
A la retraite, Sœur Irène accueille
à la Prison de Saint Quentin Fallavier les familles de détenus, puis sur la
Paroisse les jeunes de l’aumônerie ; elle participe à l’équipe de Mouv
Relais et assure la comptabilité et le suivi de la participation financière des
fidèles pour le diocèse. Sœur Irène tient la comptabilité de la communauté et
les comptes de la Mutuelle Sainte Martin (Caisse complémentaire pour les
religieux), pour le Centre de France).
Toute sa vie elle n’a de cesse de
développer ses dons pour le tricot et pour le jardin.
Intellectuellement, Sœur Irène
lit et se cultive durant toute sa vie. Dans les réunions elle a une parole
libre et une vision prophétique sur les choses et sur les personnes. C’est une
femme de caractère, lucide et vraie. Elle aime la France.
Cependant, Sœur Irène connait de
grandes épreuves de santé : opération sur le cœur en 1966 puis en 2007, et
en septembre dernier cet accident vasculaire cérébral qui la laisse paralysée
du côté gauche. Elle est alors
hospitalisée au centre
hospitalier de Bougoin puis au Centre de Soins de Virieu (autrefois « Le
repos de l’ouvrière »), et enfin à la maison de retraite de Virieu. Depuis
son AVC son frère Tadeusz, ses neveux et nièces ont pu venir de Pologne pour la
voir.
Tant au « Centre de Soins de
Virieu » qu’à l’Ehpad des « Tournelles » Sœur Irène a été merveilleusement
entourée et soignée, et curieusement le personnel s’est attaché à cette malade
un peu hors du commun. Pendant sa maladie, elle poursuivit son chemin spirituel
dans la confiance en Dieu. Comme toujours, elle s’appuie sur la Parole de Dieu,
son chapelet et sa croix. Elle apprécie les visites, elle les souhaite selon
ses dires « courtes mais indispensables ». Nous gardons précieusement
ses paroles dans les derniers jours : « je vous aime, je vous demande
pardon, on se reverra ».
Merci Sœur Irène.
Les sœurs de la communauté sainte
Ursule à Virieu
Siostra Irena urodziła się 27 maja 1930 roku w Poznaniu. Była najstarszym dzieckiem, miała jeszcze pięciu braci.
W czasie wojny w 1939 roku jej ojciec zostaje uwięziony. Tego samego roku
jej mama umiera zostawiając dziewięcioletnią Irenę z trójką braci: Stanisławem,
Jerzym i Tadeuszem. Po powrocie z wojny jej ojciec żeni się ponownie, z tego
małżeństwa rodzi się dwójka dzieci: Andrzej i Piotr.
Siostra Irena zostaje uczennicą liceum technicznego w Pniewach. Tam zdaje
maturę.
W 1950 roku, w wieku 20 lat, zostaje przyjęta do Zgromadzenia Sióstr
Urszulanek SJK jako koadiutorka. W 1957 roku odbywa nowicjat kanoniczny, składa
pierwsze śluby zakonne 15 sierpnia 1958 roku, a następnie profesję wieczystą w
1961 roku w Pniewach.
W Zgromadzeniu w Polsce Siostra Irena pełni różne funkcje: pracuje w
księgowości, sekretariacie, a najbardziej zaznacza się w pracy wychowawczej w
domach dziecka w Łodzi i Otorowie, gdzie jest dyrektorką w latach 1964-1973.
Następnie w 1974 roku zostaje wysłana do Francji, gdzie obejmuje dyrekcję
domu dla młodzieży pracującej w Lyonie. W tym czasie też zajmuje się formacją
młodych sióstr zakonnych, podejmuje funkcję przełożonej lokalnej i przełożonej
centrum francuskiego ( ....).
Po przejściu na emeryturę w 1996 roku Siostra Irena przyjeżdża do Virieu.
Tutaj posługuje w więzieniu św. Quentin Fallavier towarzysząc rodzinom
więźniów, angażuje się w duszpasterstwo młodzieży w parafii, bierze udział w spotkaniach
ekipy parafialnej oraz zajmuje się rachunkowością parafii. Siostra Irena
zajmuje się również księgowością wspólnoty zakonnej i ubezpieczeniami
wszystkich sióstr w centrum francuskim (Mutuelle Saint Martin - dodatkowe ubezpieczenie
dla osób zakonnych).
Do końca życia pasjonuje się robieniem na drutach i zajmowaniem się
kwiatami w ogrodzie. Dużo czyta i nieustannie dokształca się. W czasie spotkań wypowiada
się z wolnością słowa, ma spojrzenie profetyczne na rzeczy i osoby. Jest
kobietą o silnym charakterze, wybitną i autentyczną. Kocha Polskę i Francję.
Siostra Irena przeżywa poważne problemy zdrowotne : operacja serca w
1966 roku, następnie w 2007 roku, a udar mózgu we wrześniu zeszłego roku
zostawia ją sparaliżowaną lewostronnie. Jest leczona w szpitalu w Bourgoin,
potem w Centrum Opieki Zdrowotnej w Virieu („Le Repos”, dawny dom, w którym
pracowały nasze siostry), a następnie w hospicjum „Tournelles” w Virieu (Zespół
szpitalny dla osób starszych i zależnych). Od momentu wypadku jej brat Tadeusz,
jej bratankowie i bratanice przyjeżdżali z Polski, by ją jeszcze zobaczyć.
Zarówno w Centrum Opieki, jak i w hospicjum, Siostra Irena była otoczona troskliwą
opieką, a personel medyczny przywiązał się do tej „nietypowej” chorej. W ciągu dziesięciu miesięcy długiej choroby,
sparaliżowana i leczona w szpitalu, Siostra Irena zaskakiwała nas i zachwycała
swoją postawą względem personelu medycznego, odwiedzających ją osób i sióstr.
Interesowała się każdym, jego nazwiskiem, jego miejscem zamieszkania, rodziną. Cieszyła
się, gdy mogła odpowiadać na pytania dotyczące wiary. Była wdzięczna za każdą
pomoc i posługę, powtarzając ciągle „jesteście cudowni”.
Podczas choroby Siostra kontynuowała swoją drogę duchową w zaufaniu Panu
Bogu. Jak zawsze opierała się na Słowie Bożym, różańcu i krzyżu. Ceniła każde
odwiedziny, na które oczekiwała mówiąc „krótkie, ale niezbędne”. Z
troskliwością przechowujemy słowa z ostatnich dni jej życia: „Kocham was,
proszę was o przebaczenie, spotkamy się ponownie.”
Dziękujemy Ci Siostro Ireno !
Siostry ze wspólnoty świętej Urszuli w Virieu
Soeur Thérèse Popiel 1918-2009
Avant de tracer quelques traits de la personnalité de Sr Thérèse POPIEL
nous aimerions donner les étapes de sa vie en France depuis l’année 1958 (2
février), date à laquelle elle est arrivée à Lyon, avec Sr Dominique
Przelaskowska, envoyées l’une et l’autre par sa sœur, Mère Franciszka POPIEL
alors supérieure générale.
Dès son
arrivée elle a entrepris ses études d’Infirmière, recevant au terme le Diplôme
d’Etat d’Infirmière.
Infirmière,
elle exerça à Virieu sur Bourbre et où elle a
été, directrice de la Maison de
Repos. Puis à Pierre Bénite, petite ville située à quelques Kms de Lyon, s’y
rendant en vélo, allant chez les malades, passant parfois la nuit au chevet des
mourants…
En 1964 elle
a pendant quelques mois assuré la direction du Foyer d’étudiantes, de la Montée
St Laurent.
De 1965 à
1975, elle a été envoyée à Paray le Monial, cité du Cœur de Jésus, travaillant
à l’Abri du Pèlerin, accueillant les pèlerins, faisant la cuisine. Elle y a été
vraiment heureuse. Quelques sœurs allaient la seconder selon leur
disponibilité, notamment Sr Alina pendant toute la durée de la saison (de mai à
Octobre de chaque année).
En 1975, les
Ursulines s’étant retirées de Paray, elle revint à Lyon, à la communauté de La
Montée St Laurent, puis à celle de la
rue Bellecordière, et enfin à celle de la rue David.
Après 50 ans en France, elle a fait le choix – sur la
proposition de m.Jolanta Olech - de revenir dans son pays natal – ne désirant
ni nous encombrer, ni être soignée autre part que chez les Ursulines et parce
qu’elle éprouvait vraiment le besoin de l’eucharistie quotidienne.
Le
rapprochement avec sa famille a très certainement pesé dans sa décision de
retour en Pologne « avant qu’il ne soit trop tard » disait-elle, c'est-à-dire
avant qu’elle n’ait plus la capacité de se réadapter à son contexte de vie
d’origine.
Sr Thérèse n’aimerait pas que l’on fasse un
panégyrique de sa personne. elle qui disait, riant d’elle- même, « je vis sur
l’aura de Mère Françoise Popiel !».
Elle
refusait de se prendre au sérieux
De tempérament
anxieux, et même dépressif, elle était joyeuse, elle aimait rire, et voyait
très vite le côté cocasse ou humoristique des situations.
Elle a été pour chacune de nous quelqu’un de très
cher.
Nous avons toutes bénéficié de ce visage lumineux, souriant,
attentionné ; de ce regard clair qui nous enveloppait de tendresse et
d’affection ; d’une douceur qui pouvait être contrecarrée par quelques
entêtements ou combats intérieurs. Elle savait ce qu’elle voulait.
Même dans
des situations difficiles, douloureuses devenant silencieuse, elle restait
sereine, bienveillante.
Ce qui dominait chez elle et qui irradiait : son
attachement au Christ, son ancrage dans la personne du Christ, dans sa Parole ;
dans l’Eucharistie.
Elle aimait
le Christ : « Je ne veux rien entre le Christ et moi. C’est Lui le premier ».
De
Sœur Angèle Plantevin
la Congrégation
des Ursulines CJA
De
Sœur Angèle Plantevin
Rencontre avec
les Ursulines C.J.A.
(Témoignage
écrit en 1995)
Juillet
1930. Je vais avoir 23 ans. Je suis en vacances dans notre maison familiale à
Fons, près d’Aubenas (07).
Ma sœur rentre de courses à Aubenas.
Elle raconte en riant qu’elle a rencontré d’étranges créatures, des femmes avec
un bonnet noir, une longue robe de Vichy gris, les pieds nus dans des sandales.
Qui cela pouvait il bien être, où habitaient-elles ? Que faisaient-elles
là ?
Par personne interposée, c’est ma
première rencontre avec les Ursulines CJA.
Mon père est depuis plusieurs années à
la retraite. Il désire, ainsi que ma mère, passer désormais la majeure partie
du temps à la campagne tout en conservant l’appartement de Lyon pour les mois
d’hiver. Je décide alors de chercher du travail en Ardèche pour rester plus
près de mes parents âgés. Ma mère est plus jeune mais mon père a déjà 75
ans.
A cette époque, il n’était pas
difficile de trouver un emploi. Je serai secrétaire avec correspondance
anglaise dans les Ets Tourrette, de Saint Privat, qui possèdent plusieurs
usines de moulinage de soie aux environs d’Aubenas. Il faudra aussi me trouver
un logement pour ne pas faire 15 kms de trajet deux fois par jour, avec pour
tout moyen de transport une bicyclette. D’ailleurs, en octobre, mes parents
rentrent à Lyon.
Monsieur Louis Tourrette, le PDG de
l’entreprise me conseille de loger à Ferrières sous Aubenas, dans une vaste
propriété qu’il a louée pour héberger ses ouvrières polonaises, arrivées il y a
quelques mois à peine, encadrées par des religieuses de même nationalité.
Deux
contremaîtresses et une secrétaire de langue allemande (d’origine tchèque) y
logent aussi, ainsi que Monsieur Sablon et sa famille, le comptable de
l’entreprise. C’est lui qui conduit un petit car de la maison qui transporte
les employés, 4 fois par jour, de Ferrières aux bureaux de St Privat.
Rendez-vous pris pour voir mon futur
logement, je me trouve en face d’une personne en tous points semblable à celles
décrites par ma sœur, aimable et parlant bien le français. C’était soit S. Knichowiecka
soit S. Komecka, je ne m’en souviens plus.
Deuxième
contact avec les Ursulines « grises », très rapide mais plutôt
sympathique.
Je
devenais leur pensionnaire le 2 novembre 1930.
Dépaysement total. Conditions de vie
austères. J’ai une grande chambre à trois fenêtres, mais ni chauffage ni eau
chaude. En hiver, quand je laisserai par hasard un peu d’eau dans une cuvette,
je la retrouverai gelée en revenant du bureau le soir.
Contacts
humains réduits. A part les 2 soeurs citées plus haut, l’une directrice,
l’autre éducatrice des jeunes ouvrières, aucune sœur ne comprend le français. A
l’oreille, le polonais semble une langue barbare et inaccessible.
Les
ouvrières, une soixantaine (plus tard elles seront jusqu’à 130) forment un
groupe très encadré, aux horaires différents des miens.
Même
la chapelle est « étrangère ». On y prie beaucoup à haute voix, on
chante aussi beaucoup, mais toujours en polonais. Il y a une messe pour la Communauté (6 à 8 sœurs)
mais en semaine elle est à 6 heures moins le quart, si je me souviens bien. Je
n’y vais pas.
S. Komecka vient parfois pendant nos
repas (nous sommes 4) pour causer un peu, mais s’inquiète surtout de Ruza,
incroyante, qu’elle espère « convertir ».
Je
pense que sans la gentillesse et
l’accueil de la famille Sablon, je n’aurais sans doute pas pu passer ce premier
hiver.
Au printemps 1931,
changement de Direction, arrivée de S.Rodziewicz, suivie peu après par
S.Monique Żółtowska son assistante. Avec elles deux, les contacts
seront plus fréquents, les relations plus ouvertes. S.Komecka est rappelée par la Congrégation.
Grand branle bas dans la maison quand
on annonce en mai la visite de la Mère Générale , M. Ursule Ledóchowska.
Ce qui m’étonne c’est la joie des sœurs, unanime. N’ayant jamais eu un préjugé
très favorable envers les Congrégations religieuses, (influencée certainement
par ma mère qui en gardait de très mauvais souvenirs depuis son enfance) et
sachant la discipline stricte qui régnait à l’époque dans les couvents, je ne
comprenais pas cette explosion d’allégresse.
C’est
que je ne connaissais pas encore « Matuchna ».
Cette
fois là, je l’ai à peine entrevue. Je n’étais alors qu’une française, laïque,
n’ayant aucune part à la vie de la Congrégation. La Mère, qui cherchait à cette
époque d’autres lieux de travail en France pour les jeunes polonaises (voir
Chroniques, mai 1931) ne passa que deux ou trois jours en Ardèche.
Vers la fin de l’année 1931,
déménagement à la SAM
(Soie Artificielle Moulinée) usine où travaillent les jeunes polonaises, pour
la plupart. Un des bâtiments, quatre grands étages, vient d’être réhabilité
après le départ des ouvriers arméniens et de leurs familles.
Les
conditions de logement et de nourriture sont meilleures. Les occasions de
contact avec la supérieure et son assistante sont plus fréquentes et cordiaux.
Il y a aussi une grande chapelle, ouverte à tous, un prêtre français,
professeur au Séminaire d’Aubenas, y célèbre chaque jour une messe moins
matinale. C’est également plus près des
bureaux où je travaille.
Les sœurs des services généraux et
celles qui travaillent à l’usine avec les jeunes, sont souriantes, très
travailleuses, elles prient beaucoup, mais est- ce à cause de la langue, on
dirait qu’elles fuient les contacts. En effet, j’apprendrai plus tard qu’elles
n’ont pas le droit de parler aux personnes civiles, sauf pour motifs de
travail. Je passerai là deux ans, jusqu’en Septembre 1933.
Pendant cette période, je rencontrerai
Mère Ursule L. à chacun de ses passages en France. (mai 1931 – Novembre 1931 –
Mars 1932 – Juillet 1932 – Octobre 1932 – Mai 1933).
Quelle impression me laissent ces
rencontres avec Mère Ursule ?
D’abord,
celle d’avoir affaire à une personnalité exceptionnelle, elle rayonne. Grande,
mince, distinguée, elle charme aussitôt par son accueil plein de simplicité et
de bonté, son sourire affable, ses yeux très bleus, tour à tour rieurs et
graves, sa particulière qualité d’écoute. Tout de suite elle s’enquiert de mes
conditions de vie dans cette maison, de mes relations avec les sœurs, de mes
besoins éventuels, de ma famille, de mes goûts…
Lorsqu’elle saura mes projets, elle me
donnera des conseils pleins de sagesse, m’engageant à faire les études sociales
que ma famille désire me voir faire, même si elles durent deux ans, à vivre
paisiblement une vie chrétienne en tenant compte de mes obligations dues aux
études, sans me surcharger d’exercices spirituels, sans même « trop penser
à ma vocation », simplement orientée vers Dieu.
Elle
se souciera même de mes conditions matérielles d’existence, s’offrant à m’aider
si nécessaire, ce qui n’ait pas le cas. Elle m’assurera être toujours à ma
disposition pour me répondre si je lui écris. Effectivement nous correspondrons
pendant les deux ans de mon séjour à Paris.
Désintéressée,
elle ira même (mais là j’étais déjà postulante) jusqu’à me proposer de me
chercher une Congrégation française où elle me présenterait elle-même si je ne
me sentais pas à l’aise dans une congrégation étrangère.
Dès l’abord, sa clarté d’esprit, sa
rapidité de décision et sa largeur de vue m’avaient frappée. Avec elle, on
pouvait donc être religieuse et en même temps ouverte au monde, être inventive,
œcuménique…
Gaie,
pleine d’entrain quoique toujours sereine, elle était à la chapelle comme
plongée en Dieu. Humblement prosternée devant le Saint Sacrement exposé, son
attitude d’adoration m’impressionnait beaucoup.
Je
comprenais l’ascendant qu’elle exerçait sur ses sœurs, naturellement, sans le
chercher, par le fait même d’être ce qu’elle était.
Cependant, ce ne sont pas les
Ursulines CJA qui m’ont « donné » la vocation, ni même leur sainte
Fondatrice. C’est vers l’âge de 10 ans, l’année de ma première communion, que
s’était affirmé l’appel à n’appartenir qu’à Dieu. Plus tard, fort naïvement
sans doute, je m’étais fixé une date. Si à 25 ans ma vie ne s’était pas
organisée autrement, je me ferais religieuse. Le Seigneur a vraiment beaucoup
de patience…De plus, je n’avais jamais cherché sérieusement où et dans quelle
congrégation se concrétiserait cette décision.
Lorsque les circonstances familiales
m’amenaient en Ardèche, j’approchais en effet de cette fameuse date. J’étais en
fait à une époque charnière. Mes activités ne me paraissaient pas être le but
d’une vie, aucune
distraction
ne me satisfaisait, l’aspiration à Dieu, latente, se précisait. C’est dans la
chapelle de N.D. des Croix à Parménie, sanctuaire marial et lieu de pèlerinage
en Isère, tenu par nos sœurs de Juillet à Septembre 1932 (voir Chronique) que
me fut donnée confirmation de ma vocation religieuse et de la Congrégation où elle
se réaliserait. L’illumination fut claire et sans équivoque.
Peu
après, je fis connaître mon intention à S.Rodziewicz, alors supérieure, qui je
pense, avait vu plus vite que moi ce qui allait arriver.
Pourquoi dans cette congrégation
étrangère ? N’y avait il pas assez de congrégations en France ? C’est
bien évidemment l’objection de mes parents et de ma famille à l’annonce de ce
projet. De fait, humainement parlant, ce n’était guère
« raisonnable ». Je serais l’unique française, en tous les cas la
première pour le moment. Je n’étais pas sans réaliser la différence de culture
des sœurs, en majorité converses, avec lesquelles j’aurais à vivre. Mais pour moi, à cette période, c’était Dieu
qui me montrait le chemin, c’était cela et rien d’autre. Je n’ai d’ailleurs
jamais changé d’avis depuis.
« On
verra bien où tu seras dans 10 ans » ironisait mon frère, totalement
sceptique. Mon père ne disait rien. Quant à ma mère, elle ne l’entendit pas de
cette oreille et m’inscrivit d’autorité à l’Ecole Normale Sociale à Paris pour
la rentrée scolaire suivante. Etait-ce la volonté de Dieu ? Je l’acceptai
surtout pour tranquilliser ma mère.
Sur le conseil des sœurs, j’optais
pour la section Jardinière d’enfants. C’était un peu une erreur d’aiguillage,
mais le projet de créer à Ucel un Préventorium pour enfants se précisait, étant
donnée la crise de la soierie à cette époque. L’autre section préparant le
diplôme d’assistante sociale m’aurait servi davantage par la suite ;
cependant une partie des cours théoriques était commune aux deux sections. Et
peu importe aujourd’hui.
J’ai
passé deux ans à l’Ecole Normale Sociale à Paris, de 1933 à 1935. Chez moi on
comptait bien sur ces deux ans dans la capitale pour me faire passer cette idée
saugrenue de vocation, et chez des Polonaises encore !
Vers
la fin de Juin 1935 j’avais mon diplôme de fin d’études en poche. Le 28 juin je
prenais le train pour Aubenas. Je passai deux heures à la maison, le temps d’y
laisser mes bagages et de prendre ma bicyclette.
Malgré les protestations de
ma mère, je repartais le soir même pour Ucel. Si j’étais restée plus longtemps,
peut être n’aurais-je plus eu la force de laisser seuls mes parents. Le
Seigneur fait faire de ces choses… Le 29 Juin 1935 après la messe, j’étais reçue
dans