lundi 4 juillet 2022

BEATIFICATION DE PAULINE JARICOT 22 mai 2022 à LYON

 

Le 22 mai 2022, le grand hall de Eurexpo à Lyon, accueillait 10 à 12000 personnes - 120 nationalités présentes - venues du monde entier, pour la Béatification de Pauline Jaricot.

Grande joie pour le peuple de Dieu et plus particulièrement pour l’Eglise de Lyon, d’accueillir et de célébrer la mise à l’honneur de cette femme, lyonnaise, qui a tant œuvrer pour l’Eglise. Cet évènement n’a pu avoir lieu que grâce à la guérison miraculeuse d’une petite fille, Mayline (3 ans), attribuée à l’intercession de Pauline et à la prière des membres du Rosaire vivant. C’est ainsi qu’a été donné au pape François la possibilité d’ouvrir ce procès de Béatification.

Mais qui était Pauline ? C’était une femme, une laïque, engagée dans le monde et engagée pour l’Eglise ; un « âme de feu ». Elle a été tout à la fois femme d’action et femme de prière à la sainteté contagieuse : de son vivant, comme après sa mort, elle a ouvert à beaucoup le chemin vers Dieu. Celle qui se disait « cloîtrée » dans le monde, est un modèle de vie spirituelle incarnée, un modèle de sainteté, une invitation à centrer notre vie sur le Christ. Pauline était lyonnaise, née à Lyon le 22 juillet 1799 ; toute sa vie s’est déroulée à Lyon. Issue d’une famille nombreuse, elle est la dernière d’une fratrie de 7 enfants. Dans sa jeunesse elle mène la vie normale d’une enfant et d’une jeune fille lyonnaise dans le riche milieu des « soyeux » de Lyon (« soyeux », nom donné aux industriels lyonnais travaillant la soie ou faisant le commerce de la soie). Coquette, elle aimait les mondanités : riches toilettes, bijoux, fêtes… ; elle aimait se montrer, parader… jusqu’au jour où étant à l’église, elle entend un sermon sur la vanité. Elle a 16 ans. Bouleversée, se reconnaissant dans cette prédication, elle va se confesser et découvre la vacuité de sa vie. Simultanément elle prend conscience des aspirations profondes qui surgissent en elle. Elle parlera de ce moment comme de « sa conversion ». Fini alors les belles robes en soie, les festivités dans le milieu mondain de son époque. Elle adopte la tenue des ouvrières qu’elle ne quittera plus. Elle va commencer par apporter son aide aux femmes de son quartier, ouvrières sans défense, qui vivaient dans la misère et la prostitution. Elle les embauche dans l’atelier de fleurs artificielles qu’elle a créé. Elle les rassemble pour la prière. En fait elle partage la vie des ouvriers et ouvrières. Parmi les actions qu’elle entreprend, revient le souci des missions qu’elle avait au cœur depuis son enfance. A cette époque, tout un courant missionnaire très dynamique existait à Lyon : des prêtres, des congrégations, des Instituts dont les Missions Etrangères de Paris, revenant en France de différents pays, sensibilisent aux besoins des missionnaires. Elle veut leur venir en aide. Elle imagine alors une action toute simple qui est de constituer des groupes de 10 personnes, chacune donnant 1 sou par semaine ; à leur tête une dizainière qui s’occupe de ramasser, chaque semaine, les 10 sous. Les dizainières étaient constituées en centaines, puis en mille. Parallèlement une chaine de prière se met en place avec la diffusion des nouvelles des missions. Elle ramasse de plus en plus de fonds. Son œuvre prend une dimension universelle jusqu’à devenir – ce que nous connaissons aujourd’hui comme l’Œuvre de la Propagation de la foi, connue dans le monde entier et dont le but est toujours (2 siècles après) de soutenir les missionnaires et leur action quel que soit le pays. Dans la même période, son initiative la plus importante est celle du Rosaire Vivant, véritable armée de priants. Elle qui a toujours eu une grande dévotion à Marie, avait ce désir que la méditation des 15 mystères du rosaire - la connaissance du Christ par Marie - soit à la portée de tous les chrétiens et surtout des plus petits, des plus pauvres. Sur le modèle de la propagation de la foi, elle invite les personnes à s’associer – par 15 - selon le nombre des mystères. Chaque membre tire au sort un des mystères du rosaire et s’engage à réciter, chaque jour et pendant un mois, une dizaine de chapelet en le méditant. Ainsi tout le Rosaire est récité et médité quotidiennement par les 15 associés. Une responsable est à la tête de chaque groupe de 15. Très vite le Rosaire Vivant, se structure, se hiérarchise et se diffuse à travers le monde. Il est dit qu’en France, à la mort de Pauline en 1862, il y avait 2,5 millions d’associés. 

Un nouveau projet fait jour dans sa tête (ce n’est pas pour rien qu’on l’a appelée la « faiseuse de plans ») : dans son désir d’évangéliser la classe ouvrière elle souhaite créer une entreprise exemplaire en rachetant des bâtiments d’usine. Elle rencontre de nombreuses résistances, ses adversaires la poussent à la ruine. Pauline mourra, après bien des situations douloureuses, dans le dénuement le plus complet et dans le mépris de beaucoup. Quand le pape Jean XXIII signe en 1963 le décret la proclamant vénérable il s’écrie, la voix brisée par l’émotion : « Pourquoi lui ont-ils fait tant de mal ? » En effet, comment en est-on arrivé là ? Dans ses épreuves, jamais elle n’a perdu confiance. Ses nombreux écrits, témoignent de sa foi, de son espérance et de sa charité. Elle écrira : « J’ai tout appris, Seigneur, à vos pieds ». Oui, elle a appris à connaître son Seigneur à ses pieds, c’est-à-dire, pour elle, au pied de la croix.